27.1.13

Road trip asiatique



Petit matin gris. On quitte Hanoi et ses 7 millions d’habitants. Aucun n’avait l’air triste de nous voir partir, trop occupés qu’ils sont avec leur vendredi matin. Première impression du nord du Vietnam – En affaires comme en affaires! Par exemple, ici, les prix sont beaucoup plus chers qu’au Sud (facteur de deux ou trois). Et aucune tolérance pour la négo; au point où ils se vexent vraiment si on leur dit que c’est trop cher. Et c’est trop cher! Hier, plus de trente dollars pour quelques petits plats servis dans la rue, de la bouffe aussi froide qu’ordinaire. Selon Victor, le tout valait l’équivalent de cinq dollars. Ou encore, l’autre dame qui nous vend des beignets frits et qui se fâche quand je lui dit que son petit sac ne vaut certainement pas 5$ (100,000 VDG). « Pour qui nous prenez-vous, vous les touristes? Les vietnamiens ont aussi le droit de vivre! ».  Je suis d’accord, mais ne faudrait pas qu’ils oublient, si « business is first », le respect du client. N’allez pas penser qu’on ne mange pas bien à Hanoi, ou que la ville n’est pas accueillante, il faut juste être aux aguets!  Peut-être est-ce le froid qui les rend apparemment moins chaleureux que leurs compatriotes au Sud.

Nous sommes à bord d’un petit bus moderne, le tapis vert des rizières se déroule devant nos yeux, recouvrant le sol de l’interminable banlieue industrielle entourant la ville. Le guide un peu trop bavard, pour l’heure, nous fait un cours du Vietnam 101! Tout y passe : le coût de la vie, l’immobilier, l’économie, la famille, le traitement des morts, le mariage et son ombre qui divorce, les relations hommes-femmes. Ouf! Fascinante mutation d’un pays écartelé entre son passé de fermier et son présent de créateur de richesse.

Après un arrêt à ce qu’ils appellent le « happy room », le bus s’est remis en marche et se dirige doucement vers notre destination à la célèbre ou mythique baie d’Halong.  Une vingtaine de passagers échangent sur leur vie de voyageurs et sur le Vietnam en réaction au propos du guide. J’entends au moins parler quatre ou cinq langues, dont le chinois, le français et le brésilien. L’anglais domine encore toutefois. Les plus sympathique de ces passagers (plus du quart) dormaient dans ma chambre hier soir ;-). Il fait encore gris et un maigre quinze degrés. Probablement un peu froid pour se mouiller les pieds à semer ou à repiquer le riz au champ. Dans ma fenêtre les femmes sont pourtant bien au poste.

J’adore ce pays! J’ouvrais, par contre, l’ordi pour me ramener au Cambodge. Ce pays au fond de culotte est troué m’aura finalement touché. Avec la poussière rouge de sa terre qui retombe, de beaux souvenirs se fixent. Dix jours joyeux et pleins de moments amicaux, à côtoyer des khmères tellement sympathiques. Tellement pauvres aussi en comparaison avec leur voisins vietnamiens. Dans la fable de la cigale et la fourmi, devinez qui est qui? Ils vivent leur petit karma au jour le jour (95% sont bouddhistes) acceptant le sort qui leur revient. En réfléchissant, je les comprends de se la couler douce un temps. Ils regardent au ciel le temps qu’il fait (toujours beau) constantant rapidement que le présent est cent fois plus facile que ce passé guerrier qui a effacé presque toute une génération. Quant au futur, on verra. Lonely Planet écrivait, avec justesse je crois, que ce pays était parfois triste pleurer, autant qu’il peut émouvoir par ses beautés naturelles, son histoire où quelques-uns de ses projets remplis d’espoir.

Oups, arrêt obligé, un pneu du bus a crevé.  Le chauffeur vient de s’arrêter pour le faire réparer. Bon temps pour sortir et mesurer l’efficacité du mécanicien d’Asie…

Voilà, 20 minutes plus tard et nous voilà repartis.

Ah oui. Le triste Cambodge! Malgré ses tropiques, comme on les trouve sur les îles des caraïbes et ses similitudes avec Cuba ou la république dominicaine. Les paysages, les visages et le mode de vie nous rappelaient beaucoup la côte équatorienne près de Guayaquil, surtout vers Sihanoukville au bord du golfe de Thaïlande; l’Équateur vulnérable, comme on l’a connu, ayant adopté le dollar US pour devise et bradant ses ressources naturelles aux plus offrants.  Le Cambodge semble lui soumis au reste de l’Asie. Ce royaume était jusqu’au début du dernier siècle, un des plus puissants d’Asie. Mais aujourd’hui, l’histoire de ce pays semble répéter, ses dirigeants laissant aller, siècle après siècle, des morceaux entiers de son indépendance. La Chine, à elle seule, donne en aide financière davantage au Cambodge que l’ensemble du reste des pays, au point où le gouvernement se fait de plus en plus indépendant face aux ONGs internationales qui s’occupent de l’avenir du pays à sa place. Contrairement aux chinois, ces derniers finissent par être gênants avec leurs conditions d’aide liées à la santé où aux droits humains. La Chine est moins capricieuse. Elle n’a pas de problème pour l’instant à céder ses contrats de sous-traitance à des usines près de Phnom Penh qui emploient chacune des milliers de femmes pour un maigre salaire de 2,50$ par jour. 
Femmes à la sortie d'une usine le dimanche soir
C’est donc ici que sont fabriqués les vêtements que l’on trouve chez Zara, H&M ou Forever XXI! L’homme étranger seul y trouve également son compte devant ce Cambodge soumis. Par exemple, le fait est connu, la mafia russe y opère sans souci des réseaux de prostitution en toute complicité avec le gouvernement du pays. Unanimes les expatriés auxquels nous avons parlé, l’État cambodgien a délaissé son peuple.
Plus de quarante à bord!


L’autre Cambodge, celui des chauffeurs de tuk-tuks sympas, de ses paysages exotiques, de ses précieux enfants ne peut que charmer. Comment de pas l’aimer, surtout lorsqu’il nous est raconté par Denis, un beauceron qui vit au Cambodge depuis six ans. Son amour du pays a été contagieux. Il nous a ouvert la porte toute grande pour les rencontres dont Geneviève a parlé dans son dernier billet. Denis, merci du fond du cœur d’avoir été pour nous l’ambassadeur du petit khmère ordinaire. Et Angkor, qui a été à la hauteur de nos attentes nous faisant vivre une émotion semblable à celle ressentie sur le site Machu Pichu au Peru.


Encore une preuve que de grandes civilisations nous ont précédés. Le génie des architectes khmères sera t-il un jour approché?


Voilà, à travers la fenêtre, la mer de chine apparait, avec ces formations rocheuses qui émergent de l’eau. La légende raconte que ses iles (200+) sont les pics du dos d’un dragon ayant plongé au fond de cette mer turquoise. On arrive bientôt. Victor et Mathilde dorment. Chacun sur une cuisse de ma super blonde. Derrière, mes deux grandes sont aussi complices que différentes. Depuis que Marie nous a rejoint, le ton du voyage a modulé, comme avec un dièse à la clé. Sa bonne humeur, ses opinions pimentent nos discussions. Son arrivée fermait une belle boucle, celle de la première moitié de ce voyage. Une belle réunion que ce tour du globe en famille qu’on vient de compléter quand elle nous a rejoint avant-hier; nous qui étions partis vers l’est les premiers alors qu’elle nous a rejoint par l’ouest en passant par Tokyo et Bangkok. Merci à Jean-Guy et à Diane de l’avoir accueillie chaleureusement pour une nuit en décalage, avant qu’elle nous rejoigne à Siem Riep (Angkor). Avec son arrivée, nous ajoutions ainsi ajouter une paire d’yeux aux nôtres espérant ainsi nous souvenir longtemps des beautés des temples khmères et de ce qui nous reste à découvrir de cette étonnante Asie. Vous comprendrez que tout va bien pour lafamilleaumekong!

Mathide à la Baie de Halong

Yves

1 commentaire: