Petit matin
gris. On quitte Hanoi et ses 7 millions d’habitants. Aucun n’avait l’air triste
de nous voir partir, trop occupés qu’ils sont avec leur vendredi matin.
Première impression du nord du Vietnam – En affaires comme en affaires!
Par exemple, ici, les prix sont beaucoup plus chers qu’au Sud (facteur de deux
ou trois). Et aucune tolérance pour la négo; au point où ils se vexent vraiment
si on leur dit que c’est trop cher. Et c’est trop cher! Hier, plus de trente
dollars pour quelques petits plats servis dans la rue, de la bouffe aussi
froide qu’ordinaire. Selon Victor, le tout valait l’équivalent de cinq dollars.
Ou encore, l’autre dame qui nous vend des beignets frits et qui se fâche quand
je lui dit que son petit sac ne vaut certainement pas 5$ (100,000 VDG).
« Pour qui nous prenez-vous, vous les touristes? Les vietnamiens ont aussi
le droit de vivre! ». Je suis
d’accord, mais ne faudrait pas qu’ils oublient, si « business is
first », le respect du client. N’allez pas penser qu’on ne mange pas bien
à Hanoi, ou que la ville n’est pas accueillante, il faut juste être aux
aguets! Peut-être est-ce le froid qui
les rend apparemment moins chaleureux que leurs compatriotes au Sud.
Nous sommes
à bord d’un petit bus moderne, le tapis vert des rizières se déroule devant nos
yeux, recouvrant le sol de l’interminable banlieue industrielle entourant la
ville. Le guide un peu trop bavard, pour l’heure, nous fait un cours du Vietnam
101! Tout y passe : le coût de la vie, l’immobilier, l’économie, la
famille, le traitement des morts, le mariage et son ombre qui divorce, les
relations hommes-femmes. Ouf! Fascinante mutation d’un pays écartelé entre son
passé de fermier et son présent de créateur de richesse.
Après un
arrêt à ce qu’ils appellent le « happy room », le bus s’est remis en
marche et se dirige doucement vers notre destination à la célèbre ou mythique
baie d’Halong. Une vingtaine de
passagers échangent sur leur vie de voyageurs et sur le Vietnam en réaction au
propos du guide. J’entends au moins parler quatre ou cinq langues, dont le
chinois, le français et le brésilien. L’anglais domine encore toutefois. Les
plus sympathique de ces passagers (plus du quart) dormaient dans ma chambre
hier soir ;-). Il fait encore gris et un maigre quinze degrés. Probablement un
peu froid pour se mouiller les pieds à semer ou à repiquer le riz au champ. Dans
ma fenêtre les femmes sont pourtant bien au poste.
J’adore ce
pays! J’ouvrais, par contre, l’ordi pour me ramener au Cambodge. Ce pays au fond
de culotte est troué m’aura finalement touché. Avec la poussière rouge de sa
terre qui retombe, de beaux souvenirs se fixent. Dix jours joyeux et pleins de
moments amicaux, à côtoyer des khmères tellement sympathiques. Tellement
pauvres aussi en comparaison avec leur voisins vietnamiens. Dans la fable de la
cigale et la fourmi, devinez qui est qui? Ils vivent leur petit karma au jour
le jour (95% sont bouddhistes) acceptant le sort qui leur revient. En
réfléchissant, je les comprends de se la couler douce un temps. Ils regardent
au ciel le temps qu’il fait (toujours beau) constantant rapidement que le
présent est cent fois plus facile que ce passé guerrier qui a effacé presque
toute une génération. Quant au futur, on verra. Lonely Planet écrivait, avec
justesse je crois, que ce pays était parfois triste pleurer, autant qu’il peut
émouvoir par ses beautés naturelles, son histoire où quelques-uns de ses
projets remplis d’espoir.
Oups, arrêt
obligé, un pneu du bus a crevé. Le
chauffeur vient de s’arrêter pour le faire réparer. Bon temps pour sortir et
mesurer l’efficacité du mécanicien d’Asie…
Voilà, 20
minutes plus tard et nous voilà repartis.
Ah oui. Le triste
Cambodge! Malgré ses tropiques, comme on les trouve sur les îles des caraïbes
et ses similitudes avec Cuba ou la république dominicaine. Les paysages, les
visages et le mode de vie nous rappelaient beaucoup la côte équatorienne près
de Guayaquil, surtout vers Sihanoukville au bord du golfe de Thaïlande; l’Équateur
vulnérable, comme on l’a connu, ayant adopté le dollar US pour devise et bradant
ses ressources naturelles aux plus offrants.
Le Cambodge semble lui soumis au reste de l’Asie. Ce royaume était
jusqu’au début du dernier siècle, un des plus puissants d’Asie. Mais
aujourd’hui, l’histoire de ce pays semble répéter, ses dirigeants laissant
aller, siècle après siècle, des morceaux entiers de son indépendance. La Chine,
à elle seule, donne en aide financière davantage au Cambodge que l’ensemble du
reste des pays, au point où le gouvernement se fait de plus en plus indépendant
face aux ONGs internationales qui s’occupent de l’avenir du pays à sa place. Contrairement
aux chinois, ces derniers finissent par être gênants avec leurs conditions
d’aide liées à la santé où aux droits humains. La Chine est moins capricieuse. Elle
n’a pas de problème pour l’instant à céder ses contrats de sous-traitance à des
usines près de Phnom Penh qui emploient chacune des milliers de femmes pour un maigre
salaire de 2,50$ par jour.
Femmes à la sortie d'une usine le dimanche soir |
C’est donc ici que sont fabriqués les vêtements que
l’on trouve chez Zara, H&M ou Forever XXI! L’homme étranger seul y trouve
également son compte devant ce Cambodge soumis. Par exemple, le fait est connu,
la mafia russe y opère sans souci des réseaux de prostitution en toute
complicité avec le gouvernement du pays. Unanimes les expatriés auxquels nous
avons parlé, l’État cambodgien a délaissé son peuple.
Plus de quarante à bord! |
L’autre Cambodge, celui des chauffeurs de
tuk-tuks sympas, de ses paysages exotiques, de ses précieux enfants ne peut que
charmer. Comment de pas l’aimer, surtout lorsqu’il nous est raconté par Denis,
un beauceron qui vit au Cambodge depuis six ans. Son amour du pays a été
contagieux. Il nous a ouvert la porte toute grande pour les rencontres dont
Geneviève a parlé dans son dernier billet. Denis, merci du fond du cœur d’avoir
été pour nous l’ambassadeur du petit khmère ordinaire. Et Angkor, qui a été à
la hauteur de nos attentes nous faisant vivre une émotion semblable à celle
ressentie sur le site Machu Pichu au Peru.
Encore une preuve que de grandes
civilisations nous ont précédés. Le génie des architectes khmères sera t-il un
jour approché?
Mathide à la Baie de Halong |
Yves
Belle photo Mathilde!
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