Chau Doc, marché flottant |
Le soir s’est
pointé au Cambodge. Nous y sommes depuis près de trois jours. À Kampot, au sud-ouest, le temps était lourd,
humide et gris. Hier c’était dimanche à Phnom Penh, la capitale du royaume des
khmers, encore en deuil d’avoir perdu leur roi récemment. Les dimanches ici, comme
ailleurs, sont universels avec ce qu’ils transportent de joie en famille et de
morosité du temps qui file trop vite. Au programme ce fut : Phnom Penh, son
palais royal, la pagode d’argent et quelques reflets de la culture des khmers.
Pour le reste, j’ai fait un peu l’autruche et laissé tomber la visite du musée,
du côté de l’horreur causée par les Khmers rouges. On essaie de se convaincre
qu’il y autant à vivre ici qu’au Vietnam.
Depuis ce
matin, je me sens un peu comme figé dans une impasse. Kampot est à trois heures
de la capitale, on s’y rendait pour rencontrer un couple d’anglais qui a fondé
un projet d’art au bénéfice d’handicapés (www.epicarts.org.uk).
Arrivés affamés au café du projet pour le lunch, pensant faire une très belle
rencontre et qui sait, peut-être prêter mains fortes; Katie et Hallam sont en voyage au
nord du pays. Le rendez-vous est donc manqué. Ce devra donc être Kampot pour
ses seuls attraits. Autrefois sans doute une perle indochinoise, la ville serait
aujourd’hui sans charme sans cette jolie rivière qui la traverse, non pas par
choix à première vue.
De toutes
façons, c’est au Vietnam que nos cinq coeurs sont restés. Le rythme des baguettes en l’air nous allait
bien sans doute. Ou est-ce le Mékong, Ho
Chi Min ou la nourriture qui nous manquent? Non, ce sont ces gens que l’on a
perçus dans une course folle mais fluide vers le progrès. Si j’avais eu leur langue
ou plus de temps, j’aurais demandé : « C’est par où le progrès? ».
Voyager, c’est souvent mesurer le delta entre nos vies et celles de ceux qu’on a
le temps d’observer.
Téléphones
portables et motocyclettes sont à la page; ils ne partent pas sans eux. Un
guide à Can Tho nous disait : « Ici, un Vietnamien, une
motocyclette », imaginez plusieurs millions de ces bolides à Ho Chi Minh
et autant au mètre carré partout ailleurs. Partout vraiment.
Imaginez 82 millions de vietnamiens qui ont l’air d’être en train de dessiner un pays à
toute vitesse, et non sans talent. C’est l’impression que j’ai eue. Le matin, des hauts-parleurs un
peu communistes les sortent du lit aux p’tites heures. Allez hop : « Faites vos exercices… Attention le Mékong ne
peut plus être votre poubelle pour bien longtemps… Au boulot, on a quelques
décennies à rattraper. Rappelons nous de dire merci au bon gouvernement… »
Dans la foulée, ils passeront à la pagode; 60% sont bouddhistes, 20 %
catholiques, nul n’apparaissant intégriste. Le travail et le développement
semblent les occuper sept jours semaines. Pour l’instant, ils sont au stade du
brouillon dans ce qu’ils dessinent. Peut-être devraient-ils ne pas se rendre à
la perfection occidentale?
Le progrès.
La question me vient chaque fois que je suis en transport dans ces pays qui se
développent, comme pour nous rattraper. Quand je vois tous ces gens affairés à
transporter tout ou rien de façon ingénieuse, à réparer cette pièce-là, faute
de pouvoir la remplacer. Des hommes encore aux champs. Ou encore ces femmes qui
cuisinent dans la rue nourrissant le peuple de façon saine et savoureuse, ces
vendeurs du quotidien. Les enfants qui jouent encore dehors. Pourquoi ne pas en
rester là dans la quête de l’efficacité à tout prix? Je sais bien-sûr. Trop
facile de trouver exotique le cueilleuse de riz ou habile le pêcheur qui lance
ses filets dans les eaux du grand fleuve. Jolies évidemment ces scènes quand on
n’y tient pas de rôle! Tout de même, la question se pose je crois. Où faut-il
arrêter le progrès?
Bon, la
nuit est tombée. Ils dorment tous autour de moi. À part ceux en bas au bar de
l’hôtel situé sous la chambre. Pas trop long tes billets Yves! Tu vas finir par
t’endormir toi-même quand tu te reliras un de ces jours. Et tous ces châteaux
de cartes impressionnistes que tu fabriques. Fragiles mon vieux! Le lecteur
avisé pourrait se dire, qu’après quelques maigres semaines en Asie, je ferais
peut-être mieux d’en rester à partager les photos, ou encore les instants savoureux
que nous vivons chaque jour… Cette question-là aussi se pose ;-). Les photos
suivront promis…
Les atouts de Kampot ne nous auront pas convaicus. Pour une rare fois, une journée au même endroit suffira. Demain, nous partons pour Sihanoukville, plus haut sur la carte au bord
de la mer de Thaïlande. Marie nous rejoindra dans quelques jours à Siam Riep
plus au nord. On y verra les joyaux d’architecture khmers (Angkor). Avec
Geneviève, nous sommes comblés!
Bonne nuit.
Y
Très agréable et passionnant de vous lire. Bon plaisir les amis xxx. Marie-France Savoie.
RépondreEffacerBonjour la famille Poiré-Bleau,
RépondreEffacerTous les matins je m'empresse d'ouvrir mon portable afin de me savourer de vos commentaires, des plus intéressants de jour en jour. Vous êtes vraiment privilégiés et chanceux de vivre (en famille) tous ces beaux voyages. Bonne continuité dans vos visites.
Amie d'Hélène, Lise
P.S. Hélène m'a donné votre site.
Moi je les aime bien tes longs billets Yves !
RépondreEffacerBon voyage la famille !
Grüße, Simon
Je n'irai pas jusqu'à te lire tous les matins Yves, après tout, j'ai une vie pleine de progrès à vivre.
RépondreEffacerSérieusement, ta plume est savoureuse. Elle se prend par grandes bouchées et on en redemande. Tu n'as définitivement pas ce fini et cette élégance sur la glace de Ste-Julie les dimanches soirs.
Steffe (ton défenseur préféré)
Bonjour la famille en Asie. Quelles belles photos, vous nous faites rêver!
RépondreEffacerprofitiez DES DERNIERS JOURS AU MAXIMUM!
On A HÂTE DE VOUS VOIR DANS 10 JOURS!
Jasmine, Émile, Mathéo, Hélène et Franky
Bisous xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx