Un samedi en novembre
Cojimies est un petit village assis dans le sable gris. Près de 3000 personnes y vivent en oubliant sûrement d'y voir la beauté et le potentiel de ce sublime décor. On y arrive par une route (piste cahoteuse) qui durant la saison des pluies devient impraticable. Reste la plage à marée basse sur plus de 30 km. N’allez pas penser que cette balade puisse être triste... Cojimies est situé au bout d’un cap. C’est donc un cul de sac pour les voitures. La rivière Elsmeralda, elle par contre, s’y jète dans une mer chaude. La rivière tire son nom de l’époque où les indiens y trouvaient des émeraudes en grande quantité. A Cojimies, les gens vivent pauvres et se débrouillent avec le fruit de leurs pêches, de la culture des crevettes ou du petit commerce. Y’a de quoi réfléchir quand, au Québec, on parle de la génération « No Future ». Un de leur malheur : le village doit reculer de quelques dizaines de mètres à chaque année. Le hasard, encore lui, fait en sorte que ce soit toujours les plus pauvres qui doivent se déplacer.
En échangeant avec cetaines personnes, notamment le conducteur de la barque qui nous a conduits près des mangroves, on nous apprend qu’une canadienne, Diane Fortier, habite le village depuis quelques années. On voulait la saluer. En arrivant chez elle, coïncidence, elle apparaît au même moment, dans la boîte arrière d’un grand camion plein de paquets, dont un dvd tout neuf. Elle sourit tout de suite lorsqu’elle entend notre bonjour. « Des québécois à Cojimies! » Elle nous dit que c’est la première fois depuis qu’elle vit ici que des québécois s’y aventurent sans qu’elle ne les attende. Six d’un seul coup : une sorte de gros lot!
Malgré la fatigue qu’on devine, elle nous accueille à bras ouverts. Diane a quitté Quito ce matin là aux environs de sept heures. Une longue journée, 8 à 9 heures, dans un bus bondé pour se rendre à Pedernales, avant de changer pour le camion qui la mène jusqu’au chez-soi dont elle semble amoureuse. Son accent est doux à entendre pour nous aussi! Originaire de Stan Stead, et ayant vécu à Québec, Diane a choisi de vivre ici avec deux amies colombiennes. « Tout est à faire » nous dit-elle. Les gens qui vivent ici n’ont pas l’eau courante. Ils sont oubliés par leur gouvernement et par leur frères souvent. Certains, et c’est le premier problème auquel elle nous expose, n’ont littérallement pas de papier officiel, donc pas de statut social. Ils ne peuvent donc pas recevoir, le minimum (9$ je crois) que l’Etat fournit aux plus pauvres à chaque mois. Je vous rappelle qu’ici aussi, un pain coûte environ un dollar US
Fin de la quarantaire, femme extrordinaire, quand on la connait depuis plus d’une heure, Diane Fortier a les yeux qui brillent quand elle parle des écoles qu’elles appuient avec le centre pour enfants qu’elles ont fondé. Dégourdie aussi, Diane cogne à toutes les portes possibles, y compris les nôtres, mais aussi celles au Québec des Rotary Club, Bombardier, Jean Coutu et bien d’autres en Equateur pour le moindre appui financier. Tout pour aider ces personnes qu’elle aime.
Les enfants (plus de 200), parmi les plus pauvres viennent chaque après-midi au centre situé au coeur (c’est le cas de le dire) du village. Collations nutritives, soins infirmiers et appui scolaire au menu pour ces jeunes oubliés. Le lieu est joli, très propre, mais surtout il baigne dans une athmosphère de paix. Une petite pharmacie d’urgence permet aux familles pauvres d’accéder à des prescriptions dont elles se passeraient sinon. On maximise l’usage du centre avec des cours de soir pour les adultes. On y enseigne la cuisine, la couture et bientôt l’informatique; 10 ordinateurs tout neufs offerts par le club Rotary. Les cours devaient débuter le lundi qui suivaient notre visite.
Parce que le temps manquait et que nous voulions en savoir davantage sur ce village (montrer aux filles des écoles de village en Equateur) nous sommes revenus le dimanche. Avec Diane, nous avons tranquillement visité le village y compris chacune des ramifications qu’engendrent leur projet. Elle nous a raconté leur histoire, les travers socio-politique des gens qui vivent en « région »; des carences profondes en santé (souvent pas de médecin), dans le système scolaire (souvent pas de profs les jours de classe). On visite avec elle les écoles (photos à l’appui) Elle nous jase de tous ses projets, autant scolaires que sociaux. Nous demande notre opinion sur ce qu’elles envisagent faire pour les grands qui n’ont pas de débouché. Plein d’idées, toujours pour faire en sorte que cette communauté se prenne en mains.
On mange avec elle et une de ses amies colombiennes qui fait plein de calins aux enfants. Emballés par un si belle oeuvre, on se promet de revenir. Pourquoi ne pas élaborer un blogue pour faire connaître leur beau projet (en Equateur autant qu’ailleurs dans le monde)? Déjà certains membres de sa famille et des amis de ses amis, parrainent des enfants du centre pour 160 dollars par année.
On laisse Diane et ses compagnes après le dîner. Elles nous saluent longuement en souriant au pas de leur porte, adjacente à celle de la magnifique petite église du village. Ah oui, ces super femmes sont missionnaires et religieuses de la communauté Jesus-Marie.
Comme tu le dis Diane : « Tout est faire à Cojimies ». Que Dieu vous garde.
Admirative
La famille en Equateur
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