Dimanche 9 janvier
Bientôt dix lunes depuis la nouvelle année. On vous la souhaite libre! Avec tout ce que la liberté apporte de chance, mais aussi de choix parfois difficiles. Surprise. Nous sommes au Pérou. On revient tout juste des grandes places du centre de Lima, la capitale du Pérou. On s’y croyait quelque part en Espagne. Nous sommes dans ce pays depuis près d’une semaine déjà. Après avoir traversé en voiture près de 1500km de désert, nous sommes arrivés en après-midi dans cette métropole où vivent plus de 5 millions de personnes. À première vue, Lima ressemble beaucoup aux autres grandes villes de taille comparable. Sauf, qu’elle est aujourd’hui en plein désert. Jadis, avant que les Conquistador ne la ciblent pour y établir leur vice-royauté, cette grande plaine au bord du Pacifique était le jardin de ce continent. Trois ou quatre grands fleuves l’irriguaient avant de se jeter dans la mer. À notre départ de l’Équateur, Thomas (un ami dont je vous parlerai) nous a dit cette phrase qui m’est restée : «I’ve lived in Lima for six years, and it never rained. Not Once !».
Après avoir été plus sédentaires durant le mois de décembre, nous voilà repartis de plus belle. Au début, on devait effectuer ce trajet en avion (les vols locaux ici ne coûtent pas très chers), mais on a changé d’idée croyant que nos co-voyageurs allaient mieux apprécier leur séjour avec nous via les voies terrestres. Plus facile aussi pour eux, pensons-nous, de bien s’acclimater à l’altitude des hautes montagnes péruviennes qui nous attendent. Saviez-vous que Cuzco et le Machu Pichu (centre de la civilisation des Incas) sont à près de 4000m du niveau de la mer? Que le lac Titicaca est situé à plus de 3800m? Beaucoup de kilomètres, mais tellement de choses à se dire… On verra bientôt si c’était la bonne option.
Le Nord du Pérou est très pauvre, du moins sur la côte. Ce désert offre à ses habitants bien peu pour vivre; de quoi faire des briques d’argile pour construire des petites maisons. Pas de jardins, pas de bétails, même pas quelques poules. Deux ennemis infatigables semblent là, omniprésent : la chaleur et le vent. La mer fournit bien sûr ce qu’il faut de poissons et des fruits de mer, mais le reste fait terriblement défaut. Le désert a sans doute ses charmes, comme tous ces coins de la planète aux premiers abords anxiogènes. Il doit suffire d’y vivre assez longtemps pour les découvrir. Malheureusement, notre vitesse moyenne de 100 km/h ne nous aura pas permis de les saisir.
Dans ce désert, il y a bien quelques magnifiques vallées où miraculeusement sur des dizaines de kilomètre le vert perce. Des rizières bordées de palmiers nous ont transportés l’espace de quelques minutes en Asie, au Cambodge ou en Indonésie (non pas que nous y soyons allés (!); je cite ici le Lonely Planet). Quelques jolies villes aussi; Piura, Chiclayo, Trullijo (premières villes de colonie). Cette grande région fut surtout le site de plusieurs civilisations très anciennes. Près de Chiclayo, des archéologues ont d’ailleurs trouvé en 1987 (parmi les plus grandes découvertes archéologiques récentes) des pyramides qui dormaient encore discrètes abritant les restes d’un peuple qui les a érigées (les Mochica) Construite environ 300 ans après J-C, ces tombes du Seigneur de Sipan ont protégé des trésors (restes humains, céramiques, tissus, orfèvrerie, et autres) qu’on retrouve aujourd’hui dans un des plus grand musée du monde. Émouvante ces quelques heures. Sur notre route, nous avons croisé au moins une dizaine de ces sites (dont celui de Chan Chan situé près de Trullijo et classé par l’UNESCO dans le patrimoine mondial) qui ont été habités ou construits par des cultures fascinantes.
Ah oui! Les enfants suivent ne vous en faites pas. Pas toujours sans se plaindre des longues heures de route, mais étonnamment, rarement du fait qu’il faille toujours partir dès qu’on commence à être bien dans un endroit. De qui tiennent-ils? Ils posent plein de questions. Les grandes filles trouvent qu’elles connaissent bien peu leur pays. Nous aussi d’ailleurs. Marie hésite désormais entre deux carrières; celle de biologiste ou celle d’archéologue! Durant les fêtes, les filles ont pris du retard au plan académique. On se demande très souvent quel sera l’impact de ce voyage sur la vie scolaire de Marie et Florence. Même si Geneviève et moi rationalisons toujours en disant qu’ils apprennent tellement des choses, la marginalité de ce projet (choix de parents) comporte aussi des questionnements difficiles. Surtout pour Geneviève qui s’est donnée cette tâche difficile de mère-enseignante-itinérante. Florence commence à parler davantage l’espagnol. Marie dit désormais tout celle qu’elle veut. Victor, lui, a vu son deuxième film au cinéma (Los Increibles) et semblait suivre facilement l’histoire. Mathilde parle beaucoup elle aussi; bien qu’on ne sache pas encore si c’est du français ou de l’espagnol.
Traverser la frontière Equateur-Pérou n’a pas été simple. Nous avions pourtant une bonne préparation et, croyions-nous, les nombreux papiers requis (passeports, visas, permis de sortie de l’Équateur, permis de sortie de la voiture, immatriculation à mon nom, pas nos carnets de vaccination par contre!). Après avoir quitté Brigitte et Yolande à Cuenca mardi le 2 janvier, nous avons roulé environ cinq heures avant d’atteindre la limite du Pérou sur la côte du pacifique. Arrivés vers 15h dans ce décor de film d’aventure où l’on s’attendait à être super contrôlés, nous avons d’abord facilement franchis la frontière. Trop facilement. Les fenêtres et les serrures de la voiture bien fermées, nous nous sommes faufilés serrés dans la chaleur à travers des centaines de personnes affairées à l’on ne sait quoi (à la contre-bande nous a-t-on dit plus tard); allant des tireurs de chariots de vivres, aux commerçants de toutes sortes, aux policiers, aux cambistes, etc. À travers un grand marché rempli de fruits, de légumes, de chinoiseries quelconques et bien sûr d’animaux, nous sommes doucement passés. Mais voilà, près d’un kilomètre dépassés le pont international et le signe de bienvenue au Pérou, un premier contrôle nous arrêtait! « Ah bon, il fallait s’arrêter à l’immigration équatorienne. Il y a quatre kilomètres, dites-vous? On a rien vu, on vous le jure. Faut-il vraiment retourner et traverser encore deux fois ce chao? Quoi! Il nous faut aussi un permis de transit péruvien pour la voiture; un permis particulier puisque la voiture passera par la Bolivie et ne rentrera peut-être pas en Équateur par ce même bureau de douane. C’est écrit où, tout cela, monsieur le douanier? »
D’abord un pseudo-assistant douanier est monté avec nous pour nous montrer, de l’autre côté du pont international, le kiosque (non identifié) où nous devons obtenir ce précieux permis spécial. J’oublie son nom, il parle vite et son accent est différent. Notre espagnol est-il donc si fragile et sensible géographiquement? Geneviève se demande encore pourquoi je l’ai embarqué. On s’était juré de suivre les conseils unanimes de tous les initiés; pas des commissionnaires. Ce sont des arnaqueurs! Avec ce petit coup de main est venue la première d’une série de taxes amicales non obligatoires mais essentielles à la fluidité du processus. Un autre, plus jeune, est ensuite monté à la place de Genou coincée derrière avec les enfants, celui-là pour nous indiquer où était l’immigration équatorienne que nous avions loupée une heure auparavant. Celui-là s’appelle Luis. Péruvien, amical et cambiste officiel, selon la carte plastifiée qu’il porte fièrement à son cou, il nous conduit à la sortie officielle de l’Équateur (logique, comment entrer au Pérou sans être d’abord sortis de l’Équateur). Facilement tout les papiers sont traités et bien tamponnés. « Una familia numerosa » commentent-ils tous! « Si, si »
De retour au kiosque du permis spécial, heureusement tout s’est bien passé. Beaucoup de temps perdu. Quelques sueurs froides familiales aussi. Contre nos principes, j’ai dû laisser Geneviève et les enfant seuls dans la voiture (entourés d’une bonne douzaine de personnes qui les observaient bien appuyés sur notre LR tant aimée) pour aller avec le supposé agent de permis spéciaux faire des photocopies de mon permis de conduire et du matricule de l’auto (pour leurs dossiers, ils n’ont pas de photocopieuse!). Quand je lui ai dit que je ne voulais pas laisser ma famille seule. Il m’a offert d’y aller tout seul. « No gracias Senor! Mi papeles quedan con migo »
N’allez pas croire qu’il n’y a pas eu un brin de plaisir alors que nous nous enfoncions de plus en plus loin dans ces corridors qui étaient, tout sauf diplomatiques. Quelle joie aurons-nous un jour de repenser à ces souvenirs de voyages… De retour au Pérou, on a rempli six fois plutôt qu’une nos déclarations de douanes. Les passeports étampés et en lieu sûr, nous avons repris la route, fatigués, affamés (il était 18h30), mais heureux d’aller découvrir ce pays si riche en diversité.
Sur des routes aussi cahoteuses que celles de l’Équateur, dans le noir (ne roulez jamais à la noirceur disent avec raison les gens prudents) il nous restait encore deux longues heures à faire avant d’atteindre les plages de Mancora (les plus belles du Pérou semblait-il), notre destination. Nous les avons faites sans mésaventures. Heureusement, Mathilde et Victor ont perdus contre la fatigue et la chaleur. Endormis, ils n’ont rouvert les yeux que vers 21h alors que la magie des voyages, les avait transportés au bord de la mer dans un endroit paradisiaque (presque culpabilisant, genre club med). Nous avons fini la soirée les six dans la piscine de l’hôtel à entendre le bruit des vagues et en contempler le ciel en riant aux étoiles. Nous étions tellement biens que nous avons oublié de souper.
Voici à peu près l’essence de notre première semaine au Pérou.
Ah oui, aussi, nous avons été victime hier de notre deuxième crevaison dont j’ai déjà promis de ne pas parler. Je conserve mes résolutions, après tout, c’est le début de l’année!
Bonne année 2005
La famille en Équateur en fugue au Pérou
Qui a l’habitude de voyager sait qu’il arrive toujours un moment où il faut partir. (Paolo Coelho)
20.1.05
Vers le Carihuarazo…
30-31 décembre
Cette expédition restera à jamais, pour moi, comme une de nos plus belles expériences de famille. J’attendais ces deux jours de marche en montagne comme nos enfants attendent Noël à chaque année. Avec un peu d’appréhension aussi… Geneviève, avec raison, s’inquiétait des effets du froid et de l’altitude sur les enfants. Nous allions quand même dormir à plus de 4300m, dans des tentes. La température allait frôler le point de congélation. En demandais-je trop à la famille en Équateur?
Toujours est-il que nous avons quitté l’appartement d’Isabelle vers 19 heures le 29
Décembre. Direction Urbina; une vielle station de train transformée en camp de base par Rodrigo, notre guide pour l’expédition. Quelques mots sur lui : Il a 48 ans et lorsqu’il parle des montagnes, il a l’air d’un enfant aux tourniquets d’un parc d’amusement. Pour ceux qui ont connu l’ami Pierre Valiquette (que je salue quelque part en train d’aider dans un coin dangereux du Congo), il est pareil; cheveux très courts, visage carré, petite stature, forme physique incroyable, un peu excessif aussi. Rodrigo n’a plus qu’un poumon (!), l’autre, il se l’est fait piquer par des salauds il y quelques années durant une expédition au Chimborazo. Ces derniers l’ont battu alors qu’il s’était détaché les mains afin de s’enfuir. Malgré cela, Rodrigo est aujourd’hui un des meilleurs montagnards de son pays. Sa passion des Andes est aussi visible et vraie que contagieuse. Nous l’avons rencontré par hasard un dimanche après-midi où nous rentrions à Riobamba en provenance de Baños. Après quelques minutes de conversation, je lui ai demandé s’il avait déjà monté avec une famille comme la nôtre. « Y avait-il des expéditions qui nous étaient accessibles, sans trop de danger? »
Sa réponse fut que oui! Qu’il existait entre le Chimborazo et son voisin, le Carihuarazo, une passe qui consistait en deux marches de quatre heures très faisables pour les enfants. Nous avons fait sur le champ le pacte de réaliser cette expédition ensemble. Il m’a promis qu’il nous guiderait personnellement. Il gère une petite entreprise qui organise des expéditions en montagnes et il embauche de très bons guides. Mais, il voulait monter avec nous pour le plaisir d’une aventure différente en montagne, en famille (il est lui-même à la fois grand-père et jeune père!).
Quand nous sommes arrivés à Urbina vers 21 heures, il faisait froid. Autour de 5 degrés probablement. La beauté du ciel nous a tout de suite pris les yeux mettant en scène le début de notre aventure. Ils nous attendaient. Surprise : Un groupe de musique des Andes (six musiciens incroyables) a fait danser la vingtaine de montagnards qui dormaient, comme nous ce soir là, à Urbina avant de partir en montagne. Flûtes de pan, tambours, guitares ainsi qu’un petit instrument à douze cordes dont j’oublie le nom (du genre de celui de Thomas Fersen) et de belles voix indiennes nous ont bien réchauffés. Rodrigo sautait partout, invitait nos filles à danser, sifflait dans une grande corne de brume. Quel dépaysement! Pas autant à nous, semblait-il, qu’aux dix américains qui venait ici faire l’ascension du Chimborazo, la plus haute montagne de l’Équateur. Voilà, il se faisait tard. Nous avons dit bonne nuit et devant le feu du foyer de notre chambre, nous nous sommes endormis excités.
Le lendemain nous avons pris le petit déjeuner dehors sur le quai de l’ancienne gare. Un beau soleil nous réchauffait. Les sommets des deux volcans étaient bien visibles. Quelle chance! Quelques lamas regardaient, comme nous, l’expédition se préparer tranquillement… Il fallait monter le campement, l’équipement de camping, les vivres, les sacs de vêtements, l’équipement d’escalade, etc. Quatre personnes et cinq chevaux allaient monter avec nous; en plus de Rodrigo, Fabien (cuisinier et porteur) ainsi que Raymondo et Segundo (cavaliers et assistants au cuisinier) allaient avec la plus grande gentillesse rendre notre expédition sécuritaire et mémorable.
Nous sommes partis vers 9 heures en camionnette jusqu’au sommet de la route, à environ 3 900 mètres. Les cavaliers sont partis eux avec trois chevaux et le matériel de l’expédition. Ils allaient nous devancer pour aller installer le campement. De là, nous avons d’abord longé une magnifique vallée entre le deux grandes montagnes. Mathilde à mon dos, Victor sur celui de Fabien, son porteur (et à la fin inséparable complice), Florence ou Marie sur le cheval tandis que l’autre marchait au côté de Geneviève comptant les minutes avant son tour sur le dos de Russillo (le cheval). Nous avons marché les deux premières heures sans trop forcer, traversant au soleil de grands champs et quelques rivières provenant des glaciers. Un peu essoufflés par l’altitude, sans plus.
Après la pause pour le lunch, le temps a changé. Les nuages et le froid nous ont accompagnés jusqu’au campement. La deuxième partie de cette marche fut beaucoup moins facile. Une longue et constante montée sur le flan abrupt du Carihuarazo nous a pris tous nos efforts et notre énergie. Heureusement, la beauté de la nature et les paysages (cliché) nous encourageaient à continuer. Le vert était désormais derrière nous faisant le place aux blondes herbes, aux tout petits arbustes, aux pierres et à la terre brune des hautes montagnes. Le froid a vidé nos sacs. Toutes les pelures possibles mises, tuques et mitaines aussi, nous sommes parvenus au campement vers trois heures sous un ciel très gris. Il neigeait et grêlait faiblement. Les enfants étaient mêlés; fallait-il crier la joie de voir la neige tomber ou se plaindre du froid qu’il faisait? Ils ont fait les deux.
Heureusement, Raymondo et Segundo s’étaient bien rendus avant nous. Le campement était en place. Une grande tente pour cuisiner et un autre pour manger. Quatre autres petites Eureka pour dormir. Après s’être un peu réchauffé près du brûleur au gaz et avoir mangé des guimauves grillées (merci Geneviève) dans la tente qui servait de cuisine, nous sommes allés changer de vêtements et préparer les tentes pour la nuit qui commençait à tomber. On s’est ensuite attablé et un repas superbe nous a été servi; une soupe consistante aux légumes, du poisson, des côtelettes de porc, des pommes en purée, une salade de légumes cuits ainsi que des fruits en dessert. Rodrigo nous a raconté plein d’histoires tirées de ses expéditions dans les Andes.
Puis on s’est mis à parler de tout et de rien. On parlait de Noël et du Jour de l’An, des différences entre nos deux cultures. Il nous expliquait que pour le Jour de l’An, en Équateur, les gens construisent des pantins géants représentant des personnages publics qui ont marqué l’année. Lorsque minuit sonne le 31 décembre, ils les battent et les brûlent pour rire, naïvement. La tradition consiste aussi à se vêtir de noir le 31 au soir, en deuil de la nouvelle année. Puis, il a commencé à nous raconter cette triste histoire s’étant passée quelques jours auparavant (le lendemain de Noël). Cinq jeunes enfants ont été enterrés, alors qu’ils dormaient dans un conteneur à vidange, par un camion qui déchargeait son contenu. Il n’a fait que commencer l’histoire parce les larmes ont tout de suite mouillé ses yeux et la tristesse éteint sa voix. Nous avions lu la nouvelle dans le journal de Baños. Un des enfants a survécu; le plus vieux qui avait 9 ans je crois. Ces enfants avaient été mis à la porte d’une maison pour enfants seuls la veille et n’avaient trouvé que ce lieu sordide pour se réchauffer. La symbolique des enfants aux poubelles est tellement forte… Putain de vie parfois! Tous ce qu’on a pu se dire, c’est que cette histoire aurait pu avoir lieu à Montréal-Nord ou dans le quartier de la petite patrie à Montréal.
Vers 7h30 (!), la noirceur, le froid et la fatigue nous ont conduits à nos tentes. Genou avec Mathilde et Florence dans une, et moi avec Marie et Victor dans l’autre. La chaleur de la bougie quelques minutes a chassé un peu d’humidité mais pas le fond d’angoisse que vivaient les enfants. Mathilde surtout. Elle a pleuré longtemps et a mis beaucoup de temps avant de s’endormir. Marie aussi était angoissée. Elle pour une autre raison. Elle savait depuis des semaines que durant cette nuit j’allais partir avec Rodrigo et tenter d’atteindre le sommet du Cariharazo. Rodrigo avait beau lui avoir expliqué que ce n’était pas dangereux, lui avoir montré tout l’équipement de protection (crampons, piolet, cordes), il lui restait cette peur de me voir partir, (à la plus plus grande aussi, Geneviève, qui pensait à son bonheur de petit gars, au désir qu’elle avait aussi de les suivre tout en haut, mais aussi au pire! Yves lui laissait de plus le combat des fantômes et du froid des enfants de cette nuit si noire, humide et nébuleuse…houhou)
Après un bout de nuit difficile (Geneviève et moi plusieurs fois levés pour rendormir Mathilde ou pour le pipi de Victor), Rodrigo m’a réveillé comme convenu, vers deux heures et demie. Il fallait environ trois heures de marche et d’ascension avant d’atteindre le sommet, donc un départ vers trois heures. Après avoir avalé un grand bol de gruau à la cannelle et une double portion de tisane de coca, nous étions prêts à partir. Un gros manteau d’hiver, une tuque, une lampe frontale, des mitaines, des jambières, des guêtres, des bottes de montagnes et un sac au dos contenant mes crampons, de l’eau et une collation; voilà en gros l’attirail de l’alpiniste nerveux que j’étais. Allais-je m’y rendre?
La lune était brillante. Rodrigo est parti devant moi. (Je les ai vu partir tout secrètement et suivi leur petite lumière puis le brouillard les a enveloppé. Drôle de feeling!) Il m’avait prévenu, mais le rythme de notre marche m’a impressionné. De très lents pas toujours pareils. « Il faut s’imprégner d’un rythme, le suivre et arrêter le moins souvent possible » m’avait-il dit. Quand même, à ce rythme là allions- nous nous rendre au sommet avant le lever du jour? Nous avons marché environ une heure trente avant d’arriver au glacier. La lune était tellement forte que la frontale n’a pas été utile. Trois éléments impressionnants durant cette première phase : La vue du Chimbrorazo avec son sommet enneigé que l’on voyait comme s’il faisait jour; le cri des vicuñas (sortes d’antilopes dans la famille des lamas et des alpacas vivant à plus de 4000m) semblables à celui d’oiseaux; et finalement la beauté du ciel (Orion, la Grande Ourse à l’envers et mieux encore, la Croix du Sud).
Arrivés au glacier, j’étais encore plus impressionné. Rodrigo et son assurance m’ont beaucoup aidé à garder le calme qui m’a permis par la suite de savourer chacun des instants jusqu’au sommet de cette montagne. Il fallait mettre les crampons et s’attacher lui et moi. Une dernière revue des quelques techniques requises en cas de chute sur le glacier (l’usage du piolet pour ne pas glisser) et nous voilà sur la glace. Durant plus d’une heure nous avons conservé notre rythme plantant bien un pied après l’autre, contournant une crevasse ici, crispant tous les muscles parfois lorsque la glace craquait sous nos pieds. L’angle de la pente du glacier n’était pas si abrupte (bien qu’à quelques reprises il fallait poser les mains pour maintenir l’équilibre), mais une heure plus loin lorsque je regardais derrière, j’étais heureux d’être lié par cette corde à un des meilleurs alpinistes de l’Équateur (Rodrido m’a dit plus tard qu’il était allé près de 80 fois au sommet de cette montagne).
Une petite pause à la fin du glacier avant d’entreprendre le dernier droit, celui qui fut le plus difficile pour moi; le temps de boire de l’eau, de manger quelques amandes et de prendre quelques photos. L’escalade des derniers deux cent mètres se faisait sur une pente très abrupte couverte principalement de pierres mobiles. Rodrigo, six mètres devant mois devait être très prudent pour ne pas faire rouler ces pierres sur moi. Durant cette dernière demi-heure, j’ai touché à mes limites et vite compris que ma forme physique n’était pas celle de Rodrigo. Ce dernier dépassement m’a par contre permis d’apprécier davantage la joie d’atteindre le sommet.
Y a pas de mots pour décrire la magie et la grandeur de ces instants que j’ai passés au sommet de ce volcan (5020m). Quelques photos et quelques minutes de vidéo pourront bien sûr évoquer en partie la beauté de ce que je voyais. J’espère un jour vous les montrer. Voici ce qui m’a le plus impressionné : d’abord la certitude que le sommet des volcans constitue une drogue, j’en suis certain après avoir entendu ce cri de joie qu’a laissé sortir Rodrigo dès qu’il a atteint le sommet; je me rappellerai aussi toujours cette accolade complice que nous avons faite, lui et moi, quand j’ai atteint le sommet quelques secondes après lui; quelle chance, le soleil se levait pour nous allumant le glacier du Chimborazo auquel nous faisions face, nous étions à près d’un kilomètre du point sur terre le plus rapproché du soleil (à 6310m de par sa proximité de la ligne de l’équateur); ce plancher de nuages roses (tel qu’on les voit en avion) et le Cotopaxi dont on voyait clairement la cime (la cumbre) à plus de cent kilomètres; et finalement, le Tungurahua qu’on ne pouvait voir parce qu’il était à l’est ébloui par le soleil, mais qui nous a fait entendre le bruit de son ventre en éruption tel le tonnerre au loin.
Impossible dans ce silence de toucher à la beauté du monde et de ne pas penser à ceux qui nous sont proches, ma petite famille qui m’a suivi non sans difficulté dans cette expédition un peu périlleuse, à Geneviève surtout, qui m’a permis d’aller au bout de ce rêve. À mes parents aussi. Merci. Grâce à un poste-radio, nous avons appelé le campement vers six heures pour les rassurer et leur faire partager notre joie. Difficile aussi de ne pas se poser de questions sur la création de cette beauté, sur sa perfection vue de là-haut. Suivant les conseils d’André, j’en ai profité pour saluer le gars d’en haut avant de redescendre. J’avais deux questions pour lui. Et si tout pouvait être aussi beau, juste et équilibré à hauteur d’homme. Pourquoi notre planète ne pourrait-elle pas tourner moins vite dans le sens où elle court à sa perte? Repenser sa course…
Nous sommes redescendus en moins de deux heures, Rodrigo gambadant loin devant et moi, disons, savourant mes derniers pas. Vers 8 heures nous étions donc avec les autres qui se réchauffaient dans la cuisine-tente et qui nous acclamèrent à notre vue tout en haut, aidés de l’écho des montagnes. La gloire, quoi!!!
La deuxième journée de marche fut plus facile pour tous (sauf pour moi qui ai dû passer Mathilde au dos de Geneviève à quelques reprises). Les enfants étaient joyeux. Notre longue marche était principalement en descente dans une vallée dont la beauté a peu d’égale. Nous sommes arrivés bien en avance sur l’horaire, le temps d’étirer notre lunch et de laisser à certaines personnes, le bonheur de dormir sur l’herbe. Victor se bataillait avec Fabian. Tout le monde aussi heureux que fatigué. Juste avant de m’endormir j’ai pensé à cette phrase de Prévert (je crois) « Dépêchez-vous de déjeuner sur l’herbe, un jour l’herbe déjeunera sur vous ».
Rentrés à Urbina vers 15 heures, Rodrigo a insisté pour présenter aux enfants un de ses vieux rêves qui va se réaliser sous peu (il a déjà un site Web et des commandites): mettre en vie Condorman et sensibiliser ses compatriotes à l’environnement. Il a créé avec des amis ce super héro illustré avec ses alliés les animaux, les arbres, etc. et ses ennemis, la pollution, la désertification, l’ignorance… Son projet consiste à partir avec une troupe de théâtre, des marionnettes et à raconter dans plus de soixante villes et villages l’histoire de Condorman. Pour ajouter du piquant (et attirer l’attention des médias), ce fou sympathique et deux copains feront le trajet à la course ainsi que l’ascension des six plus hautes montagnes du pays. Le tout en trois mois.
Quel personnage! Ah oui, il partait le lendemain avec son neveu grimper le sommet du Chimborazo, pour la 33e fois.
Adios amigo loco y gracias… Fuimos a la cumbre del Carihuarazo!!!
Yves (et Geneviève)
Cette expédition restera à jamais, pour moi, comme une de nos plus belles expériences de famille. J’attendais ces deux jours de marche en montagne comme nos enfants attendent Noël à chaque année. Avec un peu d’appréhension aussi… Geneviève, avec raison, s’inquiétait des effets du froid et de l’altitude sur les enfants. Nous allions quand même dormir à plus de 4300m, dans des tentes. La température allait frôler le point de congélation. En demandais-je trop à la famille en Équateur?
Toujours est-il que nous avons quitté l’appartement d’Isabelle vers 19 heures le 29
Décembre. Direction Urbina; une vielle station de train transformée en camp de base par Rodrigo, notre guide pour l’expédition. Quelques mots sur lui : Il a 48 ans et lorsqu’il parle des montagnes, il a l’air d’un enfant aux tourniquets d’un parc d’amusement. Pour ceux qui ont connu l’ami Pierre Valiquette (que je salue quelque part en train d’aider dans un coin dangereux du Congo), il est pareil; cheveux très courts, visage carré, petite stature, forme physique incroyable, un peu excessif aussi. Rodrigo n’a plus qu’un poumon (!), l’autre, il se l’est fait piquer par des salauds il y quelques années durant une expédition au Chimborazo. Ces derniers l’ont battu alors qu’il s’était détaché les mains afin de s’enfuir. Malgré cela, Rodrigo est aujourd’hui un des meilleurs montagnards de son pays. Sa passion des Andes est aussi visible et vraie que contagieuse. Nous l’avons rencontré par hasard un dimanche après-midi où nous rentrions à Riobamba en provenance de Baños. Après quelques minutes de conversation, je lui ai demandé s’il avait déjà monté avec une famille comme la nôtre. « Y avait-il des expéditions qui nous étaient accessibles, sans trop de danger? »
Sa réponse fut que oui! Qu’il existait entre le Chimborazo et son voisin, le Carihuarazo, une passe qui consistait en deux marches de quatre heures très faisables pour les enfants. Nous avons fait sur le champ le pacte de réaliser cette expédition ensemble. Il m’a promis qu’il nous guiderait personnellement. Il gère une petite entreprise qui organise des expéditions en montagnes et il embauche de très bons guides. Mais, il voulait monter avec nous pour le plaisir d’une aventure différente en montagne, en famille (il est lui-même à la fois grand-père et jeune père!).
Quand nous sommes arrivés à Urbina vers 21 heures, il faisait froid. Autour de 5 degrés probablement. La beauté du ciel nous a tout de suite pris les yeux mettant en scène le début de notre aventure. Ils nous attendaient. Surprise : Un groupe de musique des Andes (six musiciens incroyables) a fait danser la vingtaine de montagnards qui dormaient, comme nous ce soir là, à Urbina avant de partir en montagne. Flûtes de pan, tambours, guitares ainsi qu’un petit instrument à douze cordes dont j’oublie le nom (du genre de celui de Thomas Fersen) et de belles voix indiennes nous ont bien réchauffés. Rodrigo sautait partout, invitait nos filles à danser, sifflait dans une grande corne de brume. Quel dépaysement! Pas autant à nous, semblait-il, qu’aux dix américains qui venait ici faire l’ascension du Chimborazo, la plus haute montagne de l’Équateur. Voilà, il se faisait tard. Nous avons dit bonne nuit et devant le feu du foyer de notre chambre, nous nous sommes endormis excités.
Le lendemain nous avons pris le petit déjeuner dehors sur le quai de l’ancienne gare. Un beau soleil nous réchauffait. Les sommets des deux volcans étaient bien visibles. Quelle chance! Quelques lamas regardaient, comme nous, l’expédition se préparer tranquillement… Il fallait monter le campement, l’équipement de camping, les vivres, les sacs de vêtements, l’équipement d’escalade, etc. Quatre personnes et cinq chevaux allaient monter avec nous; en plus de Rodrigo, Fabien (cuisinier et porteur) ainsi que Raymondo et Segundo (cavaliers et assistants au cuisinier) allaient avec la plus grande gentillesse rendre notre expédition sécuritaire et mémorable.
Nous sommes partis vers 9 heures en camionnette jusqu’au sommet de la route, à environ 3 900 mètres. Les cavaliers sont partis eux avec trois chevaux et le matériel de l’expédition. Ils allaient nous devancer pour aller installer le campement. De là, nous avons d’abord longé une magnifique vallée entre le deux grandes montagnes. Mathilde à mon dos, Victor sur celui de Fabien, son porteur (et à la fin inséparable complice), Florence ou Marie sur le cheval tandis que l’autre marchait au côté de Geneviève comptant les minutes avant son tour sur le dos de Russillo (le cheval). Nous avons marché les deux premières heures sans trop forcer, traversant au soleil de grands champs et quelques rivières provenant des glaciers. Un peu essoufflés par l’altitude, sans plus.
Après la pause pour le lunch, le temps a changé. Les nuages et le froid nous ont accompagnés jusqu’au campement. La deuxième partie de cette marche fut beaucoup moins facile. Une longue et constante montée sur le flan abrupt du Carihuarazo nous a pris tous nos efforts et notre énergie. Heureusement, la beauté de la nature et les paysages (cliché) nous encourageaient à continuer. Le vert était désormais derrière nous faisant le place aux blondes herbes, aux tout petits arbustes, aux pierres et à la terre brune des hautes montagnes. Le froid a vidé nos sacs. Toutes les pelures possibles mises, tuques et mitaines aussi, nous sommes parvenus au campement vers trois heures sous un ciel très gris. Il neigeait et grêlait faiblement. Les enfants étaient mêlés; fallait-il crier la joie de voir la neige tomber ou se plaindre du froid qu’il faisait? Ils ont fait les deux.
Heureusement, Raymondo et Segundo s’étaient bien rendus avant nous. Le campement était en place. Une grande tente pour cuisiner et un autre pour manger. Quatre autres petites Eureka pour dormir. Après s’être un peu réchauffé près du brûleur au gaz et avoir mangé des guimauves grillées (merci Geneviève) dans la tente qui servait de cuisine, nous sommes allés changer de vêtements et préparer les tentes pour la nuit qui commençait à tomber. On s’est ensuite attablé et un repas superbe nous a été servi; une soupe consistante aux légumes, du poisson, des côtelettes de porc, des pommes en purée, une salade de légumes cuits ainsi que des fruits en dessert. Rodrigo nous a raconté plein d’histoires tirées de ses expéditions dans les Andes.
Puis on s’est mis à parler de tout et de rien. On parlait de Noël et du Jour de l’An, des différences entre nos deux cultures. Il nous expliquait que pour le Jour de l’An, en Équateur, les gens construisent des pantins géants représentant des personnages publics qui ont marqué l’année. Lorsque minuit sonne le 31 décembre, ils les battent et les brûlent pour rire, naïvement. La tradition consiste aussi à se vêtir de noir le 31 au soir, en deuil de la nouvelle année. Puis, il a commencé à nous raconter cette triste histoire s’étant passée quelques jours auparavant (le lendemain de Noël). Cinq jeunes enfants ont été enterrés, alors qu’ils dormaient dans un conteneur à vidange, par un camion qui déchargeait son contenu. Il n’a fait que commencer l’histoire parce les larmes ont tout de suite mouillé ses yeux et la tristesse éteint sa voix. Nous avions lu la nouvelle dans le journal de Baños. Un des enfants a survécu; le plus vieux qui avait 9 ans je crois. Ces enfants avaient été mis à la porte d’une maison pour enfants seuls la veille et n’avaient trouvé que ce lieu sordide pour se réchauffer. La symbolique des enfants aux poubelles est tellement forte… Putain de vie parfois! Tous ce qu’on a pu se dire, c’est que cette histoire aurait pu avoir lieu à Montréal-Nord ou dans le quartier de la petite patrie à Montréal.
Vers 7h30 (!), la noirceur, le froid et la fatigue nous ont conduits à nos tentes. Genou avec Mathilde et Florence dans une, et moi avec Marie et Victor dans l’autre. La chaleur de la bougie quelques minutes a chassé un peu d’humidité mais pas le fond d’angoisse que vivaient les enfants. Mathilde surtout. Elle a pleuré longtemps et a mis beaucoup de temps avant de s’endormir. Marie aussi était angoissée. Elle pour une autre raison. Elle savait depuis des semaines que durant cette nuit j’allais partir avec Rodrigo et tenter d’atteindre le sommet du Cariharazo. Rodrigo avait beau lui avoir expliqué que ce n’était pas dangereux, lui avoir montré tout l’équipement de protection (crampons, piolet, cordes), il lui restait cette peur de me voir partir, (à la plus plus grande aussi, Geneviève, qui pensait à son bonheur de petit gars, au désir qu’elle avait aussi de les suivre tout en haut, mais aussi au pire! Yves lui laissait de plus le combat des fantômes et du froid des enfants de cette nuit si noire, humide et nébuleuse…houhou)
Après un bout de nuit difficile (Geneviève et moi plusieurs fois levés pour rendormir Mathilde ou pour le pipi de Victor), Rodrigo m’a réveillé comme convenu, vers deux heures et demie. Il fallait environ trois heures de marche et d’ascension avant d’atteindre le sommet, donc un départ vers trois heures. Après avoir avalé un grand bol de gruau à la cannelle et une double portion de tisane de coca, nous étions prêts à partir. Un gros manteau d’hiver, une tuque, une lampe frontale, des mitaines, des jambières, des guêtres, des bottes de montagnes et un sac au dos contenant mes crampons, de l’eau et une collation; voilà en gros l’attirail de l’alpiniste nerveux que j’étais. Allais-je m’y rendre?
La lune était brillante. Rodrigo est parti devant moi. (Je les ai vu partir tout secrètement et suivi leur petite lumière puis le brouillard les a enveloppé. Drôle de feeling!) Il m’avait prévenu, mais le rythme de notre marche m’a impressionné. De très lents pas toujours pareils. « Il faut s’imprégner d’un rythme, le suivre et arrêter le moins souvent possible » m’avait-il dit. Quand même, à ce rythme là allions- nous nous rendre au sommet avant le lever du jour? Nous avons marché environ une heure trente avant d’arriver au glacier. La lune était tellement forte que la frontale n’a pas été utile. Trois éléments impressionnants durant cette première phase : La vue du Chimbrorazo avec son sommet enneigé que l’on voyait comme s’il faisait jour; le cri des vicuñas (sortes d’antilopes dans la famille des lamas et des alpacas vivant à plus de 4000m) semblables à celui d’oiseaux; et finalement la beauté du ciel (Orion, la Grande Ourse à l’envers et mieux encore, la Croix du Sud).
Arrivés au glacier, j’étais encore plus impressionné. Rodrigo et son assurance m’ont beaucoup aidé à garder le calme qui m’a permis par la suite de savourer chacun des instants jusqu’au sommet de cette montagne. Il fallait mettre les crampons et s’attacher lui et moi. Une dernière revue des quelques techniques requises en cas de chute sur le glacier (l’usage du piolet pour ne pas glisser) et nous voilà sur la glace. Durant plus d’une heure nous avons conservé notre rythme plantant bien un pied après l’autre, contournant une crevasse ici, crispant tous les muscles parfois lorsque la glace craquait sous nos pieds. L’angle de la pente du glacier n’était pas si abrupte (bien qu’à quelques reprises il fallait poser les mains pour maintenir l’équilibre), mais une heure plus loin lorsque je regardais derrière, j’étais heureux d’être lié par cette corde à un des meilleurs alpinistes de l’Équateur (Rodrido m’a dit plus tard qu’il était allé près de 80 fois au sommet de cette montagne).
Une petite pause à la fin du glacier avant d’entreprendre le dernier droit, celui qui fut le plus difficile pour moi; le temps de boire de l’eau, de manger quelques amandes et de prendre quelques photos. L’escalade des derniers deux cent mètres se faisait sur une pente très abrupte couverte principalement de pierres mobiles. Rodrigo, six mètres devant mois devait être très prudent pour ne pas faire rouler ces pierres sur moi. Durant cette dernière demi-heure, j’ai touché à mes limites et vite compris que ma forme physique n’était pas celle de Rodrigo. Ce dernier dépassement m’a par contre permis d’apprécier davantage la joie d’atteindre le sommet.
Y a pas de mots pour décrire la magie et la grandeur de ces instants que j’ai passés au sommet de ce volcan (5020m). Quelques photos et quelques minutes de vidéo pourront bien sûr évoquer en partie la beauté de ce que je voyais. J’espère un jour vous les montrer. Voici ce qui m’a le plus impressionné : d’abord la certitude que le sommet des volcans constitue une drogue, j’en suis certain après avoir entendu ce cri de joie qu’a laissé sortir Rodrigo dès qu’il a atteint le sommet; je me rappellerai aussi toujours cette accolade complice que nous avons faite, lui et moi, quand j’ai atteint le sommet quelques secondes après lui; quelle chance, le soleil se levait pour nous allumant le glacier du Chimborazo auquel nous faisions face, nous étions à près d’un kilomètre du point sur terre le plus rapproché du soleil (à 6310m de par sa proximité de la ligne de l’équateur); ce plancher de nuages roses (tel qu’on les voit en avion) et le Cotopaxi dont on voyait clairement la cime (la cumbre) à plus de cent kilomètres; et finalement, le Tungurahua qu’on ne pouvait voir parce qu’il était à l’est ébloui par le soleil, mais qui nous a fait entendre le bruit de son ventre en éruption tel le tonnerre au loin.
Impossible dans ce silence de toucher à la beauté du monde et de ne pas penser à ceux qui nous sont proches, ma petite famille qui m’a suivi non sans difficulté dans cette expédition un peu périlleuse, à Geneviève surtout, qui m’a permis d’aller au bout de ce rêve. À mes parents aussi. Merci. Grâce à un poste-radio, nous avons appelé le campement vers six heures pour les rassurer et leur faire partager notre joie. Difficile aussi de ne pas se poser de questions sur la création de cette beauté, sur sa perfection vue de là-haut. Suivant les conseils d’André, j’en ai profité pour saluer le gars d’en haut avant de redescendre. J’avais deux questions pour lui. Et si tout pouvait être aussi beau, juste et équilibré à hauteur d’homme. Pourquoi notre planète ne pourrait-elle pas tourner moins vite dans le sens où elle court à sa perte? Repenser sa course…
Nous sommes redescendus en moins de deux heures, Rodrigo gambadant loin devant et moi, disons, savourant mes derniers pas. Vers 8 heures nous étions donc avec les autres qui se réchauffaient dans la cuisine-tente et qui nous acclamèrent à notre vue tout en haut, aidés de l’écho des montagnes. La gloire, quoi!!!
La deuxième journée de marche fut plus facile pour tous (sauf pour moi qui ai dû passer Mathilde au dos de Geneviève à quelques reprises). Les enfants étaient joyeux. Notre longue marche était principalement en descente dans une vallée dont la beauté a peu d’égale. Nous sommes arrivés bien en avance sur l’horaire, le temps d’étirer notre lunch et de laisser à certaines personnes, le bonheur de dormir sur l’herbe. Victor se bataillait avec Fabian. Tout le monde aussi heureux que fatigué. Juste avant de m’endormir j’ai pensé à cette phrase de Prévert (je crois) « Dépêchez-vous de déjeuner sur l’herbe, un jour l’herbe déjeunera sur vous ».
Rentrés à Urbina vers 15 heures, Rodrigo a insisté pour présenter aux enfants un de ses vieux rêves qui va se réaliser sous peu (il a déjà un site Web et des commandites): mettre en vie Condorman et sensibiliser ses compatriotes à l’environnement. Il a créé avec des amis ce super héro illustré avec ses alliés les animaux, les arbres, etc. et ses ennemis, la pollution, la désertification, l’ignorance… Son projet consiste à partir avec une troupe de théâtre, des marionnettes et à raconter dans plus de soixante villes et villages l’histoire de Condorman. Pour ajouter du piquant (et attirer l’attention des médias), ce fou sympathique et deux copains feront le trajet à la course ainsi que l’ascension des six plus hautes montagnes du pays. Le tout en trois mois.
Quel personnage! Ah oui, il partait le lendemain avec son neveu grimper le sommet du Chimborazo, pour la 33e fois.
Adios amigo loco y gracias… Fuimos a la cumbre del Carihuarazo!!!
Yves (et Geneviève)
Une nuit de Noël
Partis de l’appartement le 23 au matin, les valises chargées de petits cadeaux préparés par chacun, on se rend en visite éclair chez le gastro pour le bedon de Genou, puis à une boutique de vêtements pour les enfants et le plus grand, et une dernière visite chez nos amis, Thomas et sa famille, leur offrir le pain de Noël, pan de Pascuales, ainsi que nos meilleurs vœux. Excités et emballés, tout comme nos cadeaux, on poursuit sur la route des volcans, bien visibles en cette journée splendide, vers notre petit Noël à nous que nous passerons dans une Hacienda de près de 400 ans d’histoire et de souvenirs, à Latacunga au nord de Riobamba et au sud de Quito. Sur cette route de partout des gens, petits et grands, forment comme un long cortège. Ils attendent le bras tendu vers les autos qui passent en criant « Navidad, regalo por la Navidad ». On se sent soudainement timide de notre joie bien nantie de fêter Noël, bien au chaud et bien nourris. Passer Noël le bras tendu! Quelle peine! On fait tout de même apparaître des sourires sur ces visages colorés quand à notre tour on tend la main vers eux.
L’Hacienda nous offre une magnifique chambre avec foyer, le but d’ailleurs de ce choix car le Père Noël … L’ambiance est à la fête et tout n’est que beau, les décorations dans ces grands salons, dans la petite chapelle, dans les salles à manger, de quoi faire oublier notre nostalgie d’être loin des nôtres, surtout pour les enfants. Nous sommes invités à partager une petite cérémonie à la chapelle, seuls les employés y sont réunis. Chaleureusement accueillis malgré notre incertitude d’y être vraiment à notre place, on nous passe des bougies qui illuminent les chants, les messages d’amour et de partage ainsi que les quatre visages de nos enfants éblouis et heureux. Par la suite, sur le sol de pierres, elles sont collées un peu par tout, et l’image qui s’en dégage est simple, pure et puissante. Les gens sont si gentils, les enfants et leur dynamisme ne les a pas gênés au contraire, ils nous en sont reconnaissants. Suivra un vin chaud et des beignets, dans le salon principal. L’énorme foyer orné de lumières scintillantes réchauffe tout le petit monde.
A l’extérieur, c’est au tour du volcan Cotopaxi de nous gâter par cette lumière rose et jaunâtre qui illumine ses neiges éternelles. Magnifique! Les llamas viennent nous saluer et même gruger les culottes d’Yves alors qu’il était si concentré à immortaliser sa petite famille dans ce décor enchanteur. De retour vers notre chambre, une dame et ses filles vendent des peintures sur des toiles de peau de moutons. Elle nous raconte les légendes qui s’en dégagent. C’est son mari, son fils et elle aussi qui les ont peintes. On tombe en amour avec une trilogie où condor, chaman, villageois et montagnes y dansent.
Et ultime merveille pour les enfants, Il a passé! Les cadeaux sont là qui les appellent. Quels joyeux souvenirs de bonheur, de complicité et de candeur. Un souper à la truite, aux chandelles et aux sons des chants andins a poursuivi la fête. Et comme dessert une troupe folklorique costumée anime les touristes sous leurs rythmes contagieux dehors où des feux dans des brouettes cerclent le tout. Mathilde s’endort dans les bras de papa tandis que les trois autres ne veulent mettre fin à cette journée mémorable et bien inscrite dans leur petite valise de vie. La nuit de Noël au coin du feu dans notre chambre nous aura aussi enveloppés de toute sa douceur et de ses espérances.
Joyeux Noël à tous!
G. & cie
L’Hacienda nous offre une magnifique chambre avec foyer, le but d’ailleurs de ce choix car le Père Noël … L’ambiance est à la fête et tout n’est que beau, les décorations dans ces grands salons, dans la petite chapelle, dans les salles à manger, de quoi faire oublier notre nostalgie d’être loin des nôtres, surtout pour les enfants. Nous sommes invités à partager une petite cérémonie à la chapelle, seuls les employés y sont réunis. Chaleureusement accueillis malgré notre incertitude d’y être vraiment à notre place, on nous passe des bougies qui illuminent les chants, les messages d’amour et de partage ainsi que les quatre visages de nos enfants éblouis et heureux. Par la suite, sur le sol de pierres, elles sont collées un peu par tout, et l’image qui s’en dégage est simple, pure et puissante. Les gens sont si gentils, les enfants et leur dynamisme ne les a pas gênés au contraire, ils nous en sont reconnaissants. Suivra un vin chaud et des beignets, dans le salon principal. L’énorme foyer orné de lumières scintillantes réchauffe tout le petit monde.
A l’extérieur, c’est au tour du volcan Cotopaxi de nous gâter par cette lumière rose et jaunâtre qui illumine ses neiges éternelles. Magnifique! Les llamas viennent nous saluer et même gruger les culottes d’Yves alors qu’il était si concentré à immortaliser sa petite famille dans ce décor enchanteur. De retour vers notre chambre, une dame et ses filles vendent des peintures sur des toiles de peau de moutons. Elle nous raconte les légendes qui s’en dégagent. C’est son mari, son fils et elle aussi qui les ont peintes. On tombe en amour avec une trilogie où condor, chaman, villageois et montagnes y dansent.
Et ultime merveille pour les enfants, Il a passé! Les cadeaux sont là qui les appellent. Quels joyeux souvenirs de bonheur, de complicité et de candeur. Un souper à la truite, aux chandelles et aux sons des chants andins a poursuivi la fête. Et comme dessert une troupe folklorique costumée anime les touristes sous leurs rythmes contagieux dehors où des feux dans des brouettes cerclent le tout. Mathilde s’endort dans les bras de papa tandis que les trois autres ne veulent mettre fin à cette journée mémorable et bien inscrite dans leur petite valise de vie. La nuit de Noël au coin du feu dans notre chambre nous aura aussi enveloppés de toute sa douceur et de ses espérances.
Joyeux Noël à tous!
G. & cie
Une escale à Guayaquil
A la mi- décembre un séjour impromptu s’organise dans la ville chaude, très chaude qu’est Guayaquil (38 degrés Celcius). Elle est toute belle et décorée pour la Navidad (Noël) quand on y arrive. Les gens sont affairés dans les rues et dans les centres d’achats (les même que les nôtres) pour leurs emplettes des fêtes. On en profite aussi pour gâter notre ribambelle, toute excitée de retrouver un monde de jouets dans des pseudos Toys r’us. Mais la principale raison de notre visite est de rencontrer les religieuses de Pascuales (Sœurs de la Miséricordes) où nous ferons un projet d’entraide durant les mois d’avril et de mai. Elles nous reçoivent comme de vraies « ma tantes ». Des abeilles ouvrières dans ce milieu de terre et de pauvreté. Avec leur amour et leur travail, elles protègent et aident les femmes du milieu ainsi que leurs enfants. Leur travail est remarquable. On vous en reparlera.
Il y a aussi les papiers à finaliser pour l’auto. Pour cela, Don Manuel est notre chef d’orchestre. Il nous guide comme bon équatorien (avocat en plus) dans les corridors les plus rapides pour l’obtention de ces papiers et permis. Malgré tous ces zigzags, on repart quand même sans les originaux, avec des photocopies et la promesse qu’ils nous parviendront par autobus à Riobamba d’ici quelques jours.
Notre départ de Guayaquil se fait tard le samedi après-midi, ce qui laisse le temps aux nuages et au brouillard de couvrir les montagnes et de rendre la visibilité nulle. Aucune ligne sur le pavé pour se guider. Yves, le cowboy dans sa Land Rover, saura, non sans quelques arrêts cardiaques, crispations des maxillaires et fermetures sporadiques des yeux lors des dépassements d’énormes camions dans les nuages, nous rendre à bon port.
Il fait bon revenir dans un chez soi, chez Isabelle!
Genou
Il y a aussi les papiers à finaliser pour l’auto. Pour cela, Don Manuel est notre chef d’orchestre. Il nous guide comme bon équatorien (avocat en plus) dans les corridors les plus rapides pour l’obtention de ces papiers et permis. Malgré tous ces zigzags, on repart quand même sans les originaux, avec des photocopies et la promesse qu’ils nous parviendront par autobus à Riobamba d’ici quelques jours.
Notre départ de Guayaquil se fait tard le samedi après-midi, ce qui laisse le temps aux nuages et au brouillard de couvrir les montagnes et de rendre la visibilité nulle. Aucune ligne sur le pavé pour se guider. Yves, le cowboy dans sa Land Rover, saura, non sans quelques arrêts cardiaques, crispations des maxillaires et fermetures sporadiques des yeux lors des dépassements d’énormes camions dans les nuages, nous rendre à bon port.
Il fait bon revenir dans un chez soi, chez Isabelle!
Genou
Vivre à Riobamba
Riobamba compte quelques centaines de milliers d’habitants. Dans un appartement situé à l’étage d’une grosse bâtisse grise, durant le mois de décembre, six habitants de plus ont appris à la connaître. Provinciale, indépendante et principalement afférée au commerce qui l’anime et la fait vivre, Riobamba oublie chaque jour qu’elle est jolie. C’est vrai, si elle remontait ses cheveux et se mettait un peu de couleur sur les joues, cette ville ferait tourner la tête aux touristes les plus exigeants. Couronnée des plus beaux volcans du pays, se mouvant en permanence dans un climat de fin de printemps, Riobamba nous a séduits.
Nous avions un grand appartement avec une grande terrasse sur le toit. Les terrasses en Equateur servent très souvent d’espace pour faire la lessive. Avez-vous déjà lavé à la main? Au premier abord, rien d’excitant dans cette tâche. Puis le temps passe, on fait ces gestes répétitifs et on pense à rien d’utile. Chez Isabelle, lorsqu’on relevait la tête entre deux vêtements, on avait la chance d’admirer quatre ou cinq volcans selon le temps. On a passé beaucoup de temps avec les enfants. Mathilde et Victor en maillot les pieds dabs les flaques d’eau au sol. Florence qui épluchait ses grains de cacao qu’elle a sorti elle-même de leur cabosse. Il fallait qu’ils sèchent avant qu’on puisse en faire du chocolat. L’activité sur la terrasse d’Isabelle a inspiré à Marie une invention. En effet, elle a inventé (pour un projet d’école) un vélo stationnaire qui lave et sèche le linge… Pratique, dit-elle, pour les pays il n’y a pas d’électricité! Imaginez le pédalier du super vélo qui fait tourner sur elle-même une cuve à chargement frontal. Avec les vitesses, on peut laver à tous les cycles; du délicat au plus robuste. Une fois le linge bien lavé, on l’étend sur un support qui entoure le vélo, pour que l’invention puisse bien sécher les vêtements. En pédalant et en faisant tourner les roues auxquelles sont attachées des pales, un bon vent fera sécher le linge en un rien de temps. Il ne restera qu’à le plier.
Riobamba a aussi quelques travers dans sa personnalité. Premièrement, elle se lève trop tôt. De mauvaise humeur aussi. Vers six heures sonnent les premiers klaxons où les premières sirènes antivol des voitures (un jour on fera un top 10 des meilleurs et des pires attributs de ce pays magnifique, et chose certaine, cette épidémie de sirènes qui partent tout le temps pour rien sera sans doute au premier rang de notre palmarès noir). Avant que huit heures n’arrivent, le camion de vidange et le livreur de gaz propane ont aussi crié leur passage dans la rue avec chacun leur sirène pseudo musicale.
Les filles ont fait beaucoup d’école avec Geneviève, moi beaucoup de casse-tête (!!!) et de marches avec Victor et Mathilde. Il fallait mettre de l’ordre dans nos papiers, préparer un peu le voyage au Pérou en janvier et une expédition familiale en montagne, la venue de la visite et connaître les autres volontaires du CECI qui travaillent à Riobamba. On a aussi dû soigner presque toute la famille qui souffrait de maux de ventre causés par des parasites intestinaux. Rien de grave. Un médecin très crédible nous a dit de ne pas s’inquiéter; que si nous n’avions pas de ces parasites, nous n’étions probablement pas en Amérique du Sud, or nous y sommes depuis plus de deux mois. Il y a quand même eu les effets secondaires difficiles pour les deux plus petits de la famille. Une étoile à Victor qui a pris coup sur coup, sept jours d’antibiotique pour une infection intestinale et 8 jours d’un liquide aussi jaune fluo que mauvais pour éliminer ses petits amis(bes).
Ah oui! Virginia, la fille de Thomas (voir autre post) nous a fait la joie de garder les enfants une soirée. Ces derniers étaient tellement heureux (commande de pizza et de colas, jeux, vidéos, etc.) alors que nous passions ces premières heures sans eux, qu’on se demande qui d’eux, ou de Geneviève et moi avions le plus besoin de ce temps libre. Nous je crois. Bref, le temps d’un souper, avec Thomas et sa femme (qui ont aussi eu quatre enfants), nous avons échangé entre adultes sur l’Équateur, la famille, la vie. Quelle joie!
Merci Isabelle pour ton appartement. Pour ce chez-nous, chez-vous! Nous y avons laissé quelques valises, sans doute pour être certains d’y revenir.
Nous avions un grand appartement avec une grande terrasse sur le toit. Les terrasses en Equateur servent très souvent d’espace pour faire la lessive. Avez-vous déjà lavé à la main? Au premier abord, rien d’excitant dans cette tâche. Puis le temps passe, on fait ces gestes répétitifs et on pense à rien d’utile. Chez Isabelle, lorsqu’on relevait la tête entre deux vêtements, on avait la chance d’admirer quatre ou cinq volcans selon le temps. On a passé beaucoup de temps avec les enfants. Mathilde et Victor en maillot les pieds dabs les flaques d’eau au sol. Florence qui épluchait ses grains de cacao qu’elle a sorti elle-même de leur cabosse. Il fallait qu’ils sèchent avant qu’on puisse en faire du chocolat. L’activité sur la terrasse d’Isabelle a inspiré à Marie une invention. En effet, elle a inventé (pour un projet d’école) un vélo stationnaire qui lave et sèche le linge… Pratique, dit-elle, pour les pays il n’y a pas d’électricité! Imaginez le pédalier du super vélo qui fait tourner sur elle-même une cuve à chargement frontal. Avec les vitesses, on peut laver à tous les cycles; du délicat au plus robuste. Une fois le linge bien lavé, on l’étend sur un support qui entoure le vélo, pour que l’invention puisse bien sécher les vêtements. En pédalant et en faisant tourner les roues auxquelles sont attachées des pales, un bon vent fera sécher le linge en un rien de temps. Il ne restera qu’à le plier.
Riobamba a aussi quelques travers dans sa personnalité. Premièrement, elle se lève trop tôt. De mauvaise humeur aussi. Vers six heures sonnent les premiers klaxons où les premières sirènes antivol des voitures (un jour on fera un top 10 des meilleurs et des pires attributs de ce pays magnifique, et chose certaine, cette épidémie de sirènes qui partent tout le temps pour rien sera sans doute au premier rang de notre palmarès noir). Avant que huit heures n’arrivent, le camion de vidange et le livreur de gaz propane ont aussi crié leur passage dans la rue avec chacun leur sirène pseudo musicale.
Les filles ont fait beaucoup d’école avec Geneviève, moi beaucoup de casse-tête (!!!) et de marches avec Victor et Mathilde. Il fallait mettre de l’ordre dans nos papiers, préparer un peu le voyage au Pérou en janvier et une expédition familiale en montagne, la venue de la visite et connaître les autres volontaires du CECI qui travaillent à Riobamba. On a aussi dû soigner presque toute la famille qui souffrait de maux de ventre causés par des parasites intestinaux. Rien de grave. Un médecin très crédible nous a dit de ne pas s’inquiéter; que si nous n’avions pas de ces parasites, nous n’étions probablement pas en Amérique du Sud, or nous y sommes depuis plus de deux mois. Il y a quand même eu les effets secondaires difficiles pour les deux plus petits de la famille. Une étoile à Victor qui a pris coup sur coup, sept jours d’antibiotique pour une infection intestinale et 8 jours d’un liquide aussi jaune fluo que mauvais pour éliminer ses petits amis(bes).
Ah oui! Virginia, la fille de Thomas (voir autre post) nous a fait la joie de garder les enfants une soirée. Ces derniers étaient tellement heureux (commande de pizza et de colas, jeux, vidéos, etc.) alors que nous passions ces premières heures sans eux, qu’on se demande qui d’eux, ou de Geneviève et moi avions le plus besoin de ce temps libre. Nous je crois. Bref, le temps d’un souper, avec Thomas et sa femme (qui ont aussi eu quatre enfants), nous avons échangé entre adultes sur l’Équateur, la famille, la vie. Quelle joie!
Merci Isabelle pour ton appartement. Pour ce chez-nous, chez-vous! Nous y avons laissé quelques valises, sans doute pour être certains d’y revenir.
Décembre 2004
Oui, on sait ce que vous pensez! Pas très généreux depuis le début du mois de décembre. Nous avions l’Internet, du temps et l’envie d’écrire. Aussi, plein de messages gentils disant que vous lisiez le récit de notre voyage, pourtant, peu de mots se sont rendus à cette adresse. Est-ce parce que nos habitudes de vie deviennent équatoriennes? Que l’ordinaire de nos journées devient moins frappant? Que les différences s’atténuent? Il faudra aller plus en profondeur chercher l’intérêt d’écrire. On s’efforcera… Promis.
Nos souvenirs du mois de décembre auront eu comme toile de fond les splendides volcans de l’Équateur. De ce mois, où nous avons dormi 17 jours dans le même lit (juste assez pour nous rappeler nos racines sédentaires), voici quelques tranches de vies dont les saveurs valent d’être partager :
- Vivre à Riobamba
- Le travail de Benigno
- Une escale à Guayaquil
- L’amitié de Thomas
- La nuit de Noël
- Un orteil dans la jungle
- Vers le Carihuaraizo
On tentera de vous les faire goûter dès que possible.
La famille en Equateur
Nos souvenirs du mois de décembre auront eu comme toile de fond les splendides volcans de l’Équateur. De ce mois, où nous avons dormi 17 jours dans le même lit (juste assez pour nous rappeler nos racines sédentaires), voici quelques tranches de vies dont les saveurs valent d’être partager :
- Vivre à Riobamba
- Le travail de Benigno
- Une escale à Guayaquil
- L’amitié de Thomas
- La nuit de Noël
- Un orteil dans la jungle
- Vers le Carihuaraizo
On tentera de vous les faire goûter dès que possible.
La famille en Equateur
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