Les enfants se sont endormis, abrillés dans leur chaud poncho. Nous entamons la deuxième journée de bateau, qui nous mène de Luang Prabang au Laos à la frontière de la Thaïlande. Seize heures en slow boat, ces longues barques de bois qui peuvent transporter jusqu’à 75 personnes. Mais les cowboys laotiens sont à ce point téméraires qu’ils comblent leur bateau au double. Parlant de témérité, ils offrent aussi le service fast boat, huit heures pour faire le trajet. Alors il faut les voir passer, à toute allure, dans un bateau “tapette”, avec leur dizaine de passagers courbés à tenter de protéger ce qui leur reste de visage. Nous avons opté pour un slow boat plus sécure, en pensant à notre mauvaise expérience sur les eaux des Galápagos. Nous ne sommes que dix dans ce bateau, la majorité des touristes voyageant dans le sens inverse.
Après une
nuit douillette dans de charmants bungalows de bambou, entourés d’une
végétation luxuriante qui nous chatouillait le nez d’un parfum de magnolia, on
reprend le Mékong. Ce grand fleuve aura été notre boussole de voyage. Si
différent de là où on a fait sa rencontre au sud du Vietnam, surpeuplé et
pollué. Aujourd’hui il se révèle sauvage et désert, emmuré de rochers et de
vertes montagnes. Ces montagnes qui se réveillent à peine, emmitouflées de
leurs nuages. Parfois on aperçoit de petites maisons de bambou perdues dans cet
immensément vert. Des pêcheurs et des chercheurs d’or espèrent sur la rive. Les
eaux brunes camouflent quelques rapides et tourbillons, mais le capitaine est
habile. C’est un pur délice que de voir défiler ce paysage enchanteur.
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