26.2.09

Entre Bangalore et la jungle


Depuis Bangalore, un train, un taxi, un bus et un jeep plus tard, avec notre chance habituelle et quelques heures de route, c’est à quelques mètres d’un félin sauvage que nous nous sommes retrouvés en fin d’après-midi. Nous attendons un transport pour quitter le parc national de Bandipur, habitat de plus de 2500 éléphants (1/5 de la population des éléphants d’Asie), en direction de Ooty. Il est environ midi au bord de la route à la frontière du Karnataka et du Tamil Nadu.

Comment vous faire comprendre notre chance d’hier? Partis un peu tard, les yeux mouillés pour certains, après des adieux difficiles aux sœurs, aux novices, aux professeurs et aux élèves avec qui l’on a partagé 2 semaines inoubliables, notre véhicule devait se frayer un chemin à travers Bangalore jusqu’à la gare, à l’heure de pointe puissance 2. Ouf ! On prend le temps du trajet pour fouiller notre Lonely Planet et tenter de réserver un toit pour la nuit. On hésite encore entre 2 destinations. Juste à temps pour atteindre la plateforme numéro 7 pour embarquer sur le train de Mysore (Shatbadi express). Le temps de déposer nos gros sacs à dos dans un wagon usé de deuxième classe, et voilà, on part avec un bonheur mitigé, à moitié fébriles de prendre la route de l’inde du sud et à moitié tristes de laisser une routine agréable et réconfortante pour les enfants. Première étape réussie!

Deux heures plus tard à la gare de Mysore, nous transférons notre bagage et les petites fesses de nos petits endormis dans un taxi, en direction du principal terminus de bus de cette ville aussi culturelle que commerçante. Le type du taxi a l’air louche! Après lui avoir dit non au moins 10 fois à des propositions de nous conduire à Bandipur (80 km) pour « pas cher pas cher », soit disant parce qu’il n’y aurait pas de bus décents pour nous y conduire, et également fait un arrêt chez agent de voyage, probablement son cousin, on s’obstine et il nous laisse au terminus. C’est le chaos, comme toujours dans ces endroits, mais que voit-on devant nous? Le bus de nos rêves. Ici, ils sont appelés « Volvo Bus ». Bref nous y montons vite. « How much monsieur le chauffeur? ». Super, 400 roupies pour les six (10$ canadiens). Seul bémol : Mathilde entre dans le bus le ventre vide, son repas dans le train était, disait-elle, « un peu dégueux ». Et de deux…

Pour le troisième saut, celui entre le Bandipur Safari Lodge et la jungle indienne, c’est au niveau du timing que la chance nous a de nouveau sourit. Le safari partait par hasard quelques minutes après notre arrivée. Ils ne nous attendaient pas, pas grave, allez hop, il est 16h30 on embarque dans un jeep camouflage juste pour nous, pour une excursion espérant voir des tigres et des éléphants. Durant trois heures, le 4x4 a sillonné dans des pistes cherchant des points d’eau pour y voir des bêtes sauvages. Quelques-unes se sont montrées, pas d’éléphant ni de tigre, mais des paons, des mangoustes, des sangliers, des singes, plein de cervidés et juste à la tombée du jour un gros léopard indépendant a traversé la piste devant nous. Quelle chance nous avons eu et quel rappel de souvenirs des safaris au Kenya et en Tanzanie avec Genou alors que nous vivions au Rwanda.

Y a de ces jours où l’on arrive à déjouer le sort en sortant des sentiers battus, fonçant les doigts croisés avec presque rien de prévu. Hier en était un bel exemple. En s’endormant, Geneviève et savions trop bien que ce n’est pas toujours ainsi! Les rêves ne se réalisent pas sans un part de risques ou sans ces accidents de parcours qui embellissent souvent la destination et l’histoire du chemin pour s’y rendre. Comme l’inverse peut aussi arriver, on a pris soin de dire aux enfants de faire des réserves de bonheur.

Y

16.2.09

L'équilibre du monde

Etait-ce à cause du décalage horaire? Ou encore parce que les enfants ont vieilli depuis l’Équateur, qu’ils se couchent ici souvent en même temps que nous, trop tard, à l’heure où c’est plus facile de s’arrêter pour écrire. La popularité du Macbook y a fait pour beaucoup (les accès Internet et les devoirs font la file). La paresse, l’âge, qui sait? Bref, la discipline d’écrire, la disponibilité n’étaient pas tellement au rendez-vous pour moi. Ah oui, le travail quand même, l’enseignement (les ateliers avec les enfants et les XOs) nous a bien occupé chaque jour depuis une semaine. Heureusement, Genou, les enfants et les photos ont parlé de nos premières impressions.

Treizième jour en sol indien… Nous revenons d’un super week-end à 200 kilomètres environ à l’est de Bangalore. Objectifs : Célébration d’une St-Valentin toute spéciale et visite de quelques temples anciens (Belur, et Halebid), joyaux de l’État du Karnataka. Le plaisir aussi de sillonner les routes du pays, les paysages où le vert domine et la ruralité nous transporte loin dans le temps. Il est près d’onze heures, Ils dorment tous. Mathilde avec Geneviève à côté de moi et les trois autres dans une autre chambre du couvent où nous logerons encore quelques jours. Ils doivent rêver en cinquième vitesse. Il me semble que la vélocité ressentie dans le 4x4 qui nous a transporté d’Hassan à Bangalore, Prathab aux commandes, prendra encore quelques heures à descendre à la vitesse permise. Que dire des dépassements sur la route; Danger = (l’Afrique multipliée par l’Amérique latine) puissance 3! Cette poussée d’adrénaline explique sans doute pourquoi je n’arrive pas à dormir.

Nos premières impressions commencent tranquillement à s’effacer pour laisser la place à plus de perspective dans ce voyage. Les bruits des klaxons sont désormais quasi normaux, comme une sorte de sixième sens acquis rapidement pour rester en vie. Le temps qu’il fait ne se remarque presque plus. Le ciel est bleu, toujours, et entre 10 heures et 16 heures, l’ombre est prisée. Sinon, le climat est parfait. En attendant les pluies dans quelques semaines, la poussière flotte constamment partout dans l’air, mêlée aux fumées puantes échappées des moteurs. Les innombrables chiens bâtards qui rôdent la nuit faisant concert et s’étendant le jour en plein trottoir s’enjambent désormais naturellement. Tout comme ces ordures jamais collectées qui bordent les rues et qui brûlent ici et là! Tout cela fait partie de notre Inde, celle de laquelle on s’éprend un peu plus chaque jour. Mais, bien au-delà, ce qui nous dépassera sans doute longtemps encore, tout occidentaux que nous sommes, c’est l’impressionnant chaos fluide dans lequel on vient de s’insérer. Ce qui nous fascine et qu’on espère commencer à saisir durant ce voyage : C’est la mesure des grands nombres, la densité humaine, la cohabitation serrée du passé et du présent, du sacré et du quotidien, la course folle vers la perception du progrès.

Rien à voir avec la dimension que l’on se fait d’un pays en Amérique ou en Europe, comme me disait Kethes (collègue et ami sri lankais), l’Inde est davantage un sous sous-continent qu’un pays! Combien y a t-il de pays comptant plus de vingt langues officilielles, chacune parlée par plusieurs millions de personnes? Et c'est sans compter l’anglais (langue du travail), le hindi et l’urdu (langues nationales). Ici, pas moyens d’arrêter de compter tellement tout est hors proportion : près d’un milliard d’hindous qui respectent encore des centaines de rituels religieux qu’ils vouent à je ne sais trop combien de Dieux; 150 millions de musulmans qui se voilent de plus en plus chaque jour, paraît-il.

Quoi dire à propos de l’énergique Bangalore dans laquelle on s'est plongé… Ville de 7 millions d’habitants où circulent probablement autant de véhicules motorisés qu’à New-York. Principales différences : le carburant et le nombre de feux de circulation. C'est au diesel que tout avance et quant aux lumières, il doit y en avoir à peine plus qu'aux Îles de la Madeleines. Ici peu importe l’endroit, l’heure et la direction observés, c’est plein de gens qui bougent, au boulot plus souvent qu’autrement. Jeudi dernier par exemple, il est 9 heures le soir, une cérémonie se déroule sur le trottoir d'une rue principale devant temple coincé entre deux commerces : Un jeune homme fait bénir sa moto sur le trottoir. Entre parenthèses sacrées, un célébrant hindou scande une prière et tourne autour du bolide, bougie en main, après y avoir déposé des pétales de fleurs ici et là. Le jeune conducteur se recueille. Ses deux passagers sont empathiques. Quelques roupies plus tard, ils repartent en vitesse. Le quotidien n’a pas de temps à perdre, deux autres s’affairent à recharger le compte de leur téléphone portable. Tout juste à côté d’eux, une femme casse encore des pierres à la main pour produire du gravier (le chantier doit continuer demain). Au même moment un tas de rickshaws attendent impatients que la circulation reprenne son flot. C’est toujours l’heure de pointe, après tout, le jour se lève sur Silicon Valley. Bangalore exporte son énergie à l’occident qui n'a plus envie de travailler.

À la vitesse où ce pays se modernise, à la qualité de son système d’éducation, à l’ardeur de sa population, la grandeur et la fertilité de son sol, pas besoin d'être sociologue pour constater que l’équilibre du monde est en train de changer. Tiens, L’équilibre du monde (Rohinton Mistry), vous avez lu? Une sorte de Cent ans de solitude (G.G. Marques) que je vous recommande fortement.

Bon, je crois que c’est assez pour ce soir. Il faut dormir.

Y

13.2.09

Une journée à l'école

Salut tout le monde! Voici le premier post de ma part à propos de l’Inde. Comme on dit, vaut mieux tard que jamais! Bon, arrêtons le blabla et parlons de ma journée d’hier! C’était super, je suis allée dans une classe de filles et de garçons indiens. Ils avaient mon âge, mais contrairement à moi, ils s’en vont au collège l’année prochaine. Sincèrement, ce n’était pas la classe la plus sérieuse que j’ai vue ! Les professeurs rentraient dans la classe et disaient aux élèves de réviser… Deviner s’ils le faisaient! Quand je suis rentrée dans la classe, des filles que j’avais vues la veille me faisaient des signes pour que je vienne m’asseoir près d’elles. Je me suis finalement assise à côté de Sindhu (une fille sympa dont l’anglais n’était pas TROP dur à comprendre). La cloche a sonné et l’hymne national a retenti, suivi de la prière. La prof a écrit quelques problèmes d’algèbres au tableau, mais je ne comprenais pas vraiment (vous savez sûrement tous que les maths, ce n’est pas mon département)! Suite à cela, tout le monde m’a parlé en même temps avec: disons… un accent bizarre! Elles m’ont donné pleins de « slam book » à remplir avec des questions comme ma couleur préférée, mon numéro de téléphone, mon adresse, etc. Toute la journée a passé très vite et à une des 7 périodes on est allé jouer dehors. Elles m’ont demandé de jouer au voleyball avec elles, mais leur ballon n'etait pas approprié et on a vite changé de jeu ! J'ai vraiment passé une journée super avec des filles extrêmement fines!

gros becs à tout le monde et à la prochaine!
marie xxxx

12.2.09

Des réponses de l'Inde

Je commence à aimer l’Inde. J’aime beaucoup la nourriture et surtout le pain nan et le riz. Mais je n’aime pas encore les plats épicés. Le matin, il fait 20 degrés, le midi, 30 degrés et le soir autour de 18 degrés. Les personnes sont très gentilles. Comme hier, il m’ont accepté dans leur jeu de cricket (voir photos).

Les moyens de transport que j’ai utilisés sont des motos rickshaw, un train, des voitures et des avions. Ici, ça klaxonne toujours et il y a beaucoup de circulation.

Là, je suis dans une école de Bangalore. Hier j’ai fait un après-midi en classe. Tout le monde me parlait et je ne comprenais rien! Les enfants veulent tous jouer avec moi et je crois qu’il trouve mon nom bizarre. Ils parlent anglais, hindi et kanada (langue d’ici).

Namaskara (bonjour en kanada).

Victor


11.2.09

Week-end à Mysore

Le week-end dernier, nous sommes partis en train pour Mysore (ville culturelle). Samedi après-midi, nous nous sommes promenés dans le marché de fruits, de légumes et celui d’épices. Ce dernier était le plus intéressant grâce à ses nombreux monticules de teintures multicolores. Il y en avait des roses, bleues, oranges, rouges, verts, jaunes… Le soir, le palais du Maharaja était illuminé, c’était comme dans un rêve car on voyait tous les dômes et la parfaite symétrie (comme disait mon père).

Dimanche, un chauffeur nous a conduit à une église où nous avons assisté à un début de mariage (par accident). Après, Ramesh nous a emmenés au zoo qui nous a enchanté, on y a vu toutes sortes d’animaux, par exemple des zèbres et des girafes. Notre dernier arrêt a été au temple Somnathpur que nous avons visité pieds nus. Il était bien impressionnant (bijou de la culture des Hoysalas construit au treizième siècle) car il y avait une foule de détails sculptés dans la pierre. Par la suite, notre chauffeur nous a reconduit jusqu’à Bangalore dans un trafic complètement fou. J’ai quand même réussi à dormir!

Florence

À l'école Aradhana

Toujours en banlieue sud de Bangalore!

Nous dormons au couvent adjacent à l'école. Deux petites chambres avec douches. Cinq lits simples pour six personnes : le confort quoi! On y déjeune et on y dîne à la table des religieuses. Elles sont très accueillantes. Le soir, le chauffeur de l'école nous conduit au resto. Les enfants se plaisent ici. Aujourd'hui, Marie est assise en classe avec des jeunes filles et garçons de 16 ans (qu'elle trouve très beaux) qui vont graduer en Mars prochain.

Les ateliers avec les XOs se déroulent bien. J'ai ajouté quelques photos sur Flickr qui témoignent de notre petite vie ici.

On commence à penser à notre périple du week-end.

Le temps manque ici aussi.

Y

6.2.09

La rue à Bangalore

Mes problèmes en Inde

Justement la pollution ici est une folie. Cette nuit mon coeur était triste! J'espérais repartir vite à la maison. Mes parents disent que mon mal partira quand le brusque choc culturel ne sera qu'un souvenir.

Ma mère est très charitable, elle me donne plein de granules.

Devoir de vocabulaire de Victor.

Bonjour à Michel et mes copains de classe

5.2.09

Marche dans la ville

Encore sous l'effet du décalage, nous déhambulons "à la file indienne" dans cette ville intriguante mais combien inspirante. Soit en construction ou en destruction, la diversité des bâtiments étonne. Ses routes bondées et nauséabondes, cachent derrière de magnifiques ruelles grouillantes de vie (comme dans les favelas du Brésil). On aime s'y perdre et goûter juste au bon rythme tout ce qu'on y découvre. La chaleur et les rayons du soleil sont ardents, les enfants s'inventent des turbans qui se terminent souvent en masque sous leurs nez encore fragiles. Des odeurs d'encens apaisent et surprennent entre le coordonnier et les vendeurs de soie brodée. Les gens sont gentils, distants et intrigués mais tous s'avouent vaincus sous le regard de Mathilde. De grands arbres succèdent aux bougainviliers et palmiers tout poussiéreux, et on s'étonne d'à peine les remarquer. Il y a tant au sol ... que nos regards sont timides des hauteurs.

bisous à tous et on adore vos petits mots qui rapprochent!

Geneviève

4.2.09

Mon premier matin en Inde

Le soleil se lève, j’ai passé une bien mauvaise première nuit. J’ai dormi que quelques heures en entendant les nombreux chiens, les klaxons des automobiles et les petites chansons indiennes de dehors. Notre chambre porte sur un bâtiment gris très laid. Le soleil commence à embellir le paysage du quartier de Bangalore. L’appartement où nous logeons est grand et propre. J’ai hâte de découvrir davantage la première ville de l’Inde que nous visitons.

Flo