Vers le Chimborazo J+4
Lundi, 13 novembre/16h. Bernardo, notre chauffeur, est bien réveillé. Notre autobus file sur la panaméricaine et nous approchons de Latacunga; mi-chemin entre Quito et Riobamba. Destination, l’Hacienda Alandaluz où nous dormirons pour les deux prochaines nuits. Personne n’est fâché de ces deux heures et demie de repos dans l’autobus de la communauté de Quatro Esquina dans la province du Chimborazo. La journée a été magique et les jambes du groupe sont un peu lourdes.
Quatro Esquina est isolée en montagne. Elle est située à plus de 3500 mètres d’altitude. Habituellement, notre autobus sert au transport d’enfants ou à divers déplacement utiles pour les quelques dizaines d’habitants de ce village andin. Ce sympathique bus de 20 places est le produit d’un don d’une ONG qui souhaitait permettre à cette communauté de profiter des revenus du tourisme (Cinquième source de revenus du Pays après l’exportation du pétrole, des bananes, des fruits de mer et des fleurs). Rodrigo l’utilise lorsqu’il doit transporter des groupes de touristes, offrant ainsi la possibilité à la communauté de générer des revenus importants. On se trouve tous chanceux, je crois, d’être transporté ainsi et d’être en contact avec ces gens-là. Il me semble qu’on peut parler, ici, de vrai tourisme équitable.
Rodrigo a l’énergie de tous les instants. À l’avant du bus, il enfile les appels pour organiser les repas du midi et ceux des quelques soirs qui viennent. Il vient tout juste de demander à Claudia, sa femme, de se tenir prête à recevoir une liste de matériel d’alpinisme qu’il faudra rassembler avant notre ascension jeudi (piolets, crampons, frontales, tentes, etc.) pour ceux à qui il en manque (lisez ici, tous sauf François D qui a pris ce voyage avec le plus grand sérieux). Au fur et à mesure que le jour et l’heure approche, on se convainc, peu à peu, que cette aventure est peut-être réalisable.
Aujourd’hui, la vie en Équateur nous a fait le cadeau d’une rencontre magique avec le deuxième plus haut volcan au monde, le Cotopaxi. À peine passés les portes de l’entrée du parc national de Cotopaxi, un tout petit coin du ciel s’est ouvert, juste pour nous, découvrant le cône parfait de cette célèbre montagne qui culmine à près de 6000 mètres. Le bus devait se hisser doucement jusqu’au stationnement à une altitude de 4500 mètres. Une fois rendus, constater les sourires dans les visages des amis de ce voyage valaient tous les doutes et le travail liés à l’organisation de cette aventure. Comment cette randonnée pouvait elle être aussi incroyable que celle d’hier jusqu’au sommet du Pasachoa?
Tous un peu nerveux, nous enfilons enfin les bottes et les quelques couches de vêtements qu’on a tous soigneusement choisis pour braver le vent et le froid des montagnes de ce calibre. Deuxième randonnée d’acclimatation en deux jours. Et le soleil qui confirme sa complicité. Nous marcherons en file indienne derrière la gentille Marina, notre guide pour la journée. Ici, dans ce parc, la communauté indigène réclame et affirme ses droits de plus en plus, par exemple cette obligation d’employer un guide de la communauté pour qui veut partir en expédition dans les sentiers tracés par leurs ancêtres.
Notre but est d’approcher les 5000 mètres afin de s’acclimater davantage à ces hauteurs. À 4800 mètres se trouve un refuge bâti par les jésuites il y a quelques siècles. Ce dernier sert de camp de base aux grimpeurs qui veulent se mesurer au sommet du Cotopaxi. Autant à des passionnés qu’à des illuminés comme nous! En longeant des sentiers en zigzag on se retrouvent tous, après environ une heure de marche au refuge à 4863 mètres. À l’unanimité la bande veux franchir le seuil des 5,000 mètres et rejoindre la frange du glacier. Une autre demie heure d’un effort moins important qu’appréhendé, mission accomplie, nous voilà en pleine session de photos d’un groupe d’amis on ne peut plus beaux et fiers. Chacun à son rythme, s’est surpris et rassuré, sans doute, sur sa capacité à monter aussi haut. Remerciement à Jean-Pierre et à Ginette pour l‘inspiration, « Un peu plus haut, un plus loin, je veux aller encore plus loin... », la chanson fredonnée dans la montée par ma courageuse blonde nous est restée en tête jusqu’à la fin de la randonnée. Et voilà, vers 15h, c’est l’heure d’un copieux repas. À l’auberge Tombopaxi qui sert de point de chute à ceux qui, comme nous, courtisent le sommet de ce volcan, située à deux pas du divin.
On approche maintenant de l’auberge où Simon Bolivar a séjourné quelques siècles avant nous. On croisera dans quelques minutes Urbina. Rodrigo se retournera vers nous y allant d’un autre généreux commentaire témoignant de l’amour qu’il porte à sa terre et à ses compatriotes.
Journée bien remplie encore une fois. Tellement qu’on en oublie presque le crochet qu’on a fait tôt ce matin pour visiter une entreprise de production de roses qui exporte des centaines de milliers de roses chaque mois vers les États-Unis (80%), la Russie et le reste du monde. Oui à nous aussi, qui offrons des fleurs en oubliant souvent les femmes et les hommes qui travaillent dur dans des conditions difficiles pour permettre ces gestes romantiques.
Et parlant de conditions difficiles, tous ces kilomètres de panaméricaine à observer ce peuple qui travaille fort. Ces gens qui aspirent à une vie semblable à la nôtre. Y parviendront-ils? Me revoilà à Pascuales en pensées. Content d’être dans ce bus entouré d’un si bon groupe; de savoir qu’ensemble, on a convaincu des dizaines de québécois et de canadiens d’appuyer cette levée de fonds, comme une sorte de main tendue.
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