23.5.05

Cartes postales des Galapagos

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On se les gardait pour le dessert; comme des profiteroles après un grand repas bien arrosé. Voilà, nous sommes donc au dessert de ce grand voyage au pays de l’Équateur, en train de savourer ce dernier plat…

Le dernier paradis

28 mai

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Nous flottons sur la grande bleue! Sur le pacifique à 1000 kilomètres au large du continent, à la hauteur de l’Équateur. Cet après-midi nous poserons le pied, tout comme Charles Darwin, sur une première île de l’archipel des Galápagos. Notre bateau est grand et confortable; les enfants y ont trouvé leur compte (gentil équipage, grand resto, jeux, minuscule piscine). Il fait beau et chaud…

Nous revenons de l’île de Bartolomé, avons nagé avec nos premiers poissons multicolores et vu des dizaines d’otaries. De la pure magie pour émerveiller les enfants (petits et grands). Île volcanique aux paysages lunaires, avec la mer turquoise cela compose un curieux mélange …

Bonne nuit… Nous écrivons cette carte à la lumière d’un ciel si beau. La croix du Sud est bien en vue, tout comme Orion. Dernier coup d’œil aux tortues marines et aux lions de mer qui viennent danser sous les projecteurs du Legend. Il lèvera l’ancre sous peu pour bercer notre nuit durant huit heures jusqu’à Fernandina.

Le vent se lève…

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Les jours qui suivent à bord…

Du 29 avril au 2 mai

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Surpris par un banc d’une cinquantaine de dauphins, nous serons ce matin en retard pour le petit déjeuner… Chaque jour nous descendons deux fois sur des îles tellement différentes. Un zodiac nous transporte du bateau jusqu’à ce derniers paradis. On débarque sur ses plages, parfois noires, ocres ou de sable blanc. Les iguanes marins et les crabes rouges tapissent les côtes souvent de lave. Les fous à pattes bleues, les cormorans qui ne volent plus, le grand héron et plein d’autres espèces d’oiseaux y nichent…

Après une balade pour explorer un tunnel de lave ou des cratères tout juste endormis, nous sautons à l’eau. Là, devant nos masques défilent des poissons au bec jaune, aux nageoires rose et bleue ou à la queue fluo. Un pingouin vient de nous surprendre. « Tiens, cette tortue de mer est sur pellicule ».

Mathilde vient de s’endormir sur le pont, sous les étoiles, aux souffles des otaries.

Bonne nuit

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Isabela

15 mai

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13 Îles et 42 îlots forment l’archipel des Galapagos, Isabela est la plus grande. Nous y sommes pour une semaine à la charmante casa de Marita. Notre chambre donne sur une plage d’un sable aussi blanc que fin. Des palétuviers (mangroves) tracent des passages secrets pour les enfants. Des récifs de lave noire forment des piscines où Florence a enfin mis son masque. Les pélicans sont fidèles et saluent Mathilde chaque matin. Les vagues usent les journées de Victor sur sa planche à surf.

Nos journées sont pleines; entre la visite d’un lit où dorment les requins aux pointes blanches, la baignade au lagon bleu de Concha de Perla, la randonnée à cheval jusqu’au cratère du Cerro Negro (parmi les plus grands cratères au monde), la marche au quai du village pour assister au spectacle des otaries. Pas le temps de se reposer!
15 ans déjà. Ce soir on fête notre mariage avec des amis naufragés sur l’île des grands volcans…

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Entre Isabela et Santa-Cruz : La peur…

10 mai

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6h du matin, on prend des vagues de trois, quatre ou cinq mètres. En tout cas, trop grandes pour notre petit bateau. À bord pour 3 heures d’une traversée qu’on n’oubliera jamais! Mathilde souffre déjà du mal de mer. Elle n’est pas la seule, trois ou quatre autres passagers sont malades. La mer est dure. Marie pleure, tient ma main avec son angoisse. Nous sommes tous trempés jusqu’aux os. Heureusement, il ne fait pas froid. Florence et Victor se sont endormis comme pour se défendre contre la peur.

Un capitaine, deux équipiers, deux moteurs 75 forces contre la mer… Dire que ces marins montent chaque jour dans cette galère. Elle paraissait interminable, on en rit désormais. On comprend mieux la grandeur de la nature, de la mer et notre chance d’être sains et saufs.

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Bahia de tortuga…

11 mai

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Dernier jour sur les îles. Santa Cruz est de loin la plus développée; boutiques, restos et la station Charles Darwin qui protège les tortues géantes. Elles pèsent plus de 250kg et vivent au-delà de 200 ans! Nous marchons dans un sentier qui rappelle le décor enchanteur du Magicien d’Oz; des cactus géants, des lézards à gorge rouge, des vagues de lave saisie, des pierres colorées et des bruits d’oiseaux (merle moqueur, le canari, le pinson Darwin). « On voit la mer! »

La plage est vierge, sans fin… Un pique-nique dans les mangroves avec le spectacle de l’envolée des grands hérons, la pêche fructueuse des pélicans et la montée de la marée. Dernière baignade dans les vagues chaudes du Pacifique, sans vouloir sortir comme pour y étirer l’adieu à ce paradis des Galapagos!

Snif!


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20.5.05

Les photos d'avril

Cliquer sur ce lien pour les voir!

Hasta luego

Lafamilledésormaisenargentine

17.5.05

Buenos Aires

Holà!

Un tout petit mot pour vous dire que nous sommes dans cette magnifique ville de l'Argentine. Après une courte petite période d'ajustement, au décalage horaire (trois heures de moins qu'aux Galápagos), au froid (quand nous sommes arrivés, il faisait 11 degrés) et au changement de mode vie (très européen), nous voici les yeux et les sens grands ouverts...

Ne vous en faites pas, la beauté de Buenos Aires, de ses habitants, le goût de son café et de sa nourriture raffinée nous aident à s'acclimater.

On sent qu'on rentre un peu vers la maison...

la famille qui a quitté désormais l'équateur

11.5.05

Le début de la fin…

Santa Cruz, Galápagos

Cette longue halte à Guayaquil est donc terminée. Les soirées des dernières semaines dans cette ville auront à peine suffit à organiser la suite de notre aventure. L’organisation du voyage à Galápagos, d’où je vous écris maintenant, s’est faite sans trop de difficultés. La seule difficulté réelle fut celle d’accepter le coût d’une telle aventure pour six. On a eu beau avoir négocié très fort, réussit à payer le prix des nationaux, fait oublier quelques enfants malgré cela, la facture avait le goût de l’eau de la mer. Nous savons cependant que la chance que nous ayons d’y être n’a pas de prix.

Non, le plus compliqué dans toute cette préparation fut de décider la direction vers où aller terminer ce grand voyage. Allions-nous en profiter pour visiter le sud de l’Amérique Latine où encore remonter doucement en traversant l’Amérique centrale? On a plusieurs fois cru être certains et d’accord, avant de rechanger d’idée. Les deux avenues avaient des atouts importants. Nous sommes si près de l’Argentine et du Brésil, comment ne pas s’y rendre? Buenos Aires, le Tango, la Patagonie, les chutes d’Iguazu (les plus grande au monde), la Bossa Nova, l’amazone du Brésil. Bien sûr, l’hiver y commence, mais ce n’est pas un peu de fraîcheur qui nous arrêtera. Par contre, les distances sont immenses, comment ferons-nous sans voiture? Au nord, la voiture serait restée avec nous (je commençais à m’y attacher), au moins jusqu’au Mexique. Mon idée était de la ramener jusqu’au Canada; de mettre la voiture sur un bateau de Guayaquil jusqu’à Panama et par la suite traverser le Costa Rica, le Nicaragua, l’Honduras, le Guatemala jusqu’au Mexique (pour aller embrasser Jimena plus rapidement). Ce voyage aurait conservé les mêmes parfums culturels (civilisations anciennes), alors qu’au Sud, à Buenos Aires notamment, c’est un peu l’Europe, l’occident… On a bien essayé pourtant, j’ai pris contact avec des agents de douanes, des entreprises de transport maritime, des personnes qui ont déjà fait ce périple, avec des agents de transports Canada, pour me rendre compte, non sans déceptions, que d’importer une voiture qui n’est pas conforme aux normes américaines, que de traverser tout ces frontières, que d’accumuler tous ces coûts et ces kilomètres devenait franchement une mauvaise option. J’avais d’ailleurs déjà commencé à m’obstiner avec un fonctionnaire canadien sur l’interprétation d’une exception dans le règlement d’importation des voitures au Canada… On a pas besoin de cela en voyage!

C’est enfin décidé! Nous avons d’ailleurs vendu la voiture à six heures du soir la veille de quitter pour les Galápagos. Nous partons donc le 14 mai vers Buenos Aires sur un vol de nuit (Lan Chile), avec un arrêt à Santiago où il est possible que nous passions quelques jours. Geneviève voulait un cours de tango pour sa fête (1er juin)! La seule question qui demeure est en rapport au partenaire, serais-je celui qui lui cognera la tête et lui pilera sur les pieds, ou aura-t-elle la chance de côtoyer les gestes romantiques d’un séduisant argentin? C’est elle qui choisira! L’économie actuelle de l’Argentine est très favorable à ce voyage. La valeur du dollar face au Peso argentin est très élevée. Nous sommes tous excités à l’idée de s’approcher autant du Pôle sud. Nous voyagerons principalement en bus ou en train. Peut-être louerons-nous un voiture, ici et là, le moins possible. Après l’argentine où nous séjournerons environ un mois, nous remonterons vers le Brésil, en passant sans aucun doute par les chutes d’Iguazu. Nous verrons peut-être l’Amazone de ce côté. Voilà, si tout va bien, c’est probablement d’un vol en provenance de Sau Paulo (16 heures) que nous rentrerons à la maison. Les enfants ont tellement hâte!

La famille qui voudrait écrire plus souvent

Mil besos de Galápagos

lafamilleenequateur

Un peu d’avril…

C’est grâce aux Sœurs de la miséricorde si nous avons aujourd’hui des visas de volontaires valides en Équateur. Sans ces papiers, il aurait été compliqué de séjourner dans ce pays pour plus de trois mois. En septembre dernier à Montréal, on s’était vu quelques fois, rue St-Hubert, le temps de se connaître un peu, de s’expliquer nos projets respectifs. Le leur est celui de quatre femmes un peu folles (aujourd’hui on peut le dire) et dans la soixantaine avancée qui ont décidé un bon matin, il y aura dix ans bientôt, d’occuper leur retraite et de fonder en Équateur, un centre pour femmes et une garderie; plus précisément à Pascuales dans un quartier pauvre de Guayaquil. Quant à nous, on cherchait à trouver une âme pour un grand voyage qu’on allait s’offrir… De Montréal, on s’était laissé sans promesse de part ou d’autre… A priori, ce n’était pas évident pour elles de penser accueillir une famille de six (dont quatre jeunes enfants) durant à peine deux mois et de penser que cela pouvait vraiment aider! De notre côté, nous avions de forts doutes sur la faisabilité d’une expérience de travail avec quatre accaparent petits rejetons dans les pattes. La dernière chose qu’on souhaitait, c’était de recréer le modèle où papa part au travail le matin, laissant à maman la charge familiale. On voulait bien que les filles fassent quelques mois d´école en Amérique latine, mais, était-ce vraiment réaliste? Comment allions-nous faire pour s’installer dans une ville aussi grande? Était-ce ce que nous cherchions? Quoiqu’il en soit, leur folie, couplée à la nôtre, nous a conduit dans coin du monde qu’on n’oubliera jamais.

Quelques mots d’abord sur Guayaquil, cette grosse bonne femme qui est toujours en sueur. Elle est brute et parle trop fort. Bien sûr, elle n’a plus la taille ni la beauté de sa jeunesse, c’est pourtant elle qui tient la maison et qui met le pain sur la table dans ce pays. Dans les montages et à Quito plus particulièrement, c’est la mal aimée! On dit qu’elle est vulgaire et inculte. Tiens, je me rappelle d’une formule qu’avait employée Foglia, il y a longtemps, dans une chronique pour exprimer toute la condescendance des habitants du nord de l’Italie envers ceux du sud, de la Sicile notamment : « Les italiens du sud ont le cul plus bas que leurs voisins du Nord » disait-il! Ici c’est pareil, les bons créoles habitant la Sierra et les nobles indiens au Poncho sur leurs montagnes (même les agences de coopération internationale) regardent de bien haut ceux qui transpirent sur la côte.

Guayaquil compte près de trois millions d’habitants. Elle est effectivement dangereuse et pleine d’injustices (près d’une centaine d’assauts à mains armées durant le mois d’avril) Heureusement, on y aura vécu deux mois dans le quartier de la Kennedy Norte sans grandes mésaventures, y vivant même un coup d’état qui n’était pas, celui-là, un poisson d’avril! On aura aussi eu le bonheur de s’enfuir à la mer quelques week-ends (Playa, Puerto Lopez, Alandaluz), de déjeuner souvent au délicieux café de l’hôtel Oro Verde, d’entendre un magnifique concert de guitare classique, de se voisiner avec des gens gentils, de passer de nombreuses heures au Malecon dans une des plus sympathique place publique au Monde. L’obligation aussi de transiger dans les rues avec les mille petits métiers; les vendeurs de cartes d’appel déguisés en personnel de F1, les vendeurs d’eau ou de limonade à vélo, les camelots, ceux qui doublent les clés, les autres qui vendent des agendas cette semaine alors qu’ils vendaient des tue-mouches la semaine dernière et finalement, le devoir de transiger avec ceux qui vendrait leur sort... Ah oui oubliais, la joie de célébrer avec les équatoriens trois victoires de leur équipe nationale contre le Brésil, le Pérou et le Paraguay, les rapprochant ainsi d’une participation si importante pour leur identité au Mondial 2006 en Allemagne. Par dessus tout, on aura pris le temps d’observer et de vraiment sentir le pouls d’un autre peuple.

Pascuales, elle, se lève tôt tous les matins. Il fait trop chaud pour y flâner au lit, trop chaud pour se lever d’ailleurs! Avril, c’est le fort mois de la pluie. Les rues et les terrains sont souvent inondés. C’est aussi la saison des grippes, du paludisme… Il y a eu cette saison plusieurs centaines de cas de dengue dont au moins une dizaine hémorragique (mortelle). On aura même eu peur pour notre grande Marie durant quelques jours. Fausse alerte heureusement!

C’est donc dans cette ville qu’on aura trouvé l’âme de notre voyage. Dans la marge d’un projet qu’on aura aidé à lancer; dans les rues qu’on aura marché pour y acheter ce qu’il fallait pour le projet (terre, bambous, outils, etc.), en traversant la vie de personnes qui ne l’ont pas facile. On aura eu la chance de pénétrer leur chez-soi en installant des jardins dans leur cour arrière, avec entre les jambes les poules, les chiens et les chats. De leur côté, les filles rapporteront aussi de précieux souvenir de l’école de ce village. Elles y seront entrées un peu à reculons au début. Mais, il fallait les voir danser le jour du départ durant la petite fête, organisée par leur enseignante en leur honneur, pour se rendre compte qu’on venait de réussir un volet important de notre voyage. Il n’y avait pas que les petites latino-américaines qui pleuraient à l’idée de se séparer peut-être pour toujours. Durant cette période, Victor et Mathilde auront également été aimés et dorlotés par des femmes aussi différentes et généreuses. Quels souvenirs conserveront-ils de ce passage en terre étrangère? On dit que l’odorat a une longue mémoire; leur petit nez, qui le plus souvent coulait, aura fouillé dans les coins les plus précieux.

Nous quitterons bientôt ce pays avec beaucoup de souvenirs heureux, avec un brin de tristesse aussi. Nous nous souviendrons d’un coin de terre d’une richesse et d’une diversité incroyable. Nous garderons encore trop de pourquoi quant aux causes de cette situation si difficile pour ses habitants. Notre choix d’élire l’Équateur comme pays principal de notre aventure aura été heureux; son climat, sa taille saisissable, ses habitants généreux nous auront permis comprendre un peu mieux notre monde et nos frères qui y habitent.

Passages d'avril

Tous les jours je vous parle et vous écris en pensée, vous racontant ce que l’on voit, entend et perçoit. Mais voilà bien peu se rend jusqu’à vous. Le temps! Ce fichu temps qui inhibe même et surtout nos bonnes intentions.

Quelques paragraphes pour vous parler de ce mois d’avril et pourtant, tant resterait à dire.

Première semaine d’avril

Ce fut une grosse semaine remplie d’émotions et de grosses gouttes de sueur. Ici on côtoie la chaleur, de 36 à 40 degrés, ensoleillé ou nuageux peu importe il fait toujours chaud! Seule la pluie réussit à influencer le thermomètre, alors on la célèbre quand elle vient. Mais pas partout car des inondations détruisent des demeures, des écoles, des villages, et des routes plus au nord (Manabi).

Lundi dernier, était jour d’entrée scolaire dans les villes côtières du pays. Tout comme chez nous, la frénésie de ce jour spécial animait enfants, parents et professeurs. Pascuales, la ville où nous travaillons avec les sœurs de la Miséricorde ne faisait pas exception. L’école San Juan Batista recevait ses petits et grands. L’accueil se faisait à l’extérieur dans la cour. Les enfants, tous en uniforme placés en rang et entourés des parents écoutaient respectueusement le mot d’entrée de la directrice, Senora Norma, même malgré la pluie, un évanouissement et les pleurs de Florence. Après le chant national, les enfants sont entrés dans leur petite classe sombre. Seule la peau et les cheveux pâles des deux petites canadiennes démarquaient des groupes uniformes. Elles portaient aussi le costume; chemise blanche et jupe à carreaux.

Le ciment fissuré, le toit de tôle à plusieurs endroits percés, le tableau défraîchi et les petits pupitres doubles en bois qui portaient les traces des anciens recevaient malgré tout joyeusement leurs protégés. D’un côté, le mur ajouré en guise de fenêtres où le bruit des véhicules de la rue éteignait la voix du professeur et des élèves qui tentaient de se présenter. Florence et Marie sur le même banc, dépassaient d’une tête ou deux les compagnes et compagnons de la classe de quatrième année. Rosa Maria, l’enseignante, une gentille dame menue et dynamique égayait les élèves par des chants et des jeux. Tous souriaient même Florence. Il était donc temps pour moi de les laisser entre bonnes mains.

Sur le petit chemin de terre, j’ai croisé Sœur Céline qui travaille au dispensaire avec une femme médecin, puis Robert le chauffeur et l’homme à tout faire du centre des femmes Madre Rosalia dans la camionnette rouge qui m’a emmenée au centre. On entendait encore les pleurs de Mathilde à la petite école. Tous les matins pourtant elle demande à voir ses amis. Mais une fois rendue elle aimerait reculer et rester blottie dans nos bras. Son petit chat gris et son biberon l’aident à traverser la porte. Les monitrices sont si gentilles. Elles la câlinent et la chouchoutent!

Victor lui rentre confiant et retrouve son groupe. Son copain à lui c’est Bryan qu’il a longtemps appelé « celui qui rit toujours » puis Piaya jusqu’à ce qu’on s’informe de la vraie identité du petit bonhomme aux sourires. A la maison, il chantonne souvent les chansons de la petite école et alors Mathilde le suit dans ce dialecte qu’eux seuls comprennent. Ils sont complices et rieurs.

Yves et moi, s’attablons avec Jacqueline et Wilma pour poursuivre la planification et toute la paperasse pour mettre en œuvre le projet de jardins en boîte. Elles aiment moins! Une fois dehors les deux mains dans la terre ou à scier le bambou elles sont rieuses et plus décontractes malgré la sueur qui transperce nos vêtements.

A côté du centre, on vient d`acquérir un petit terrain et une maisonnette de briques, ce qui deviendra le patio modèle. Vite tout se met en branle, la main d’œuvre ne manque pas, pour « reniper » ce lopin de terre piteux; trois camions de terre et de roches, clôture de bambou, jardins en boîte, semis, arbustes, peinture de la maison et décoration par des dessins d’enfants.

Le projet pilote est en branle. On ira installer les jardins dans les semaines prochaines, mais avant quelques rencontres sont fixées pour sensibiliser les femmes et donner l’information nécessaire.

Puis c’est le retour à la maison dans cette chaleur accablante. Après le dîner, l’école se poursuit cette fois en français. Ça fait de longues journées! Mais quand on n’est pas trop claqués, il y a un parc pas loin que les enfants aiment bien pour jouer au foot, pousser les balançoires, tenir les petits singes aux bras tendus aux échelles et profiter des fins de journées équatoriennes avec les autres parents et petits copains.

Seconde semaine d’avril

Semaine de haute fièvre pour tous les enfants Poiré-Bleau, un à la suite de l’autre. Déjà qu’il fait chaud, le thermomètre monte plus rapidement. Ici les fièvres ne sont pas prises à la légère surtout que de nombreux cas de dengue ont été rapportés dans la région ces dernières semaines. Le médecin de Pascuales a vu les enfants et des examens sanguins ont été faits, rien à signaler pour l’instant! Que deux plus petites journées sans école espagnole. Florence s’en réjouit malgré ses joues rouges et petits yeux vitreux.

Le virus a vite passé et les disputes entre frèrot et soeurettes ont vite repris! La vie de famille bien dynamique, quoi!

Et tout reprend son cours normal. Départ précipité de la maison tôt le matin avec les trop nombreux sacs et toutous. Puis on compte une demie heure pour se rendre à Pascuales croisant ces énormes centres d’achat chics et de bon goût, ces hauts édifices, ces chauffeurs dangereux, ces quêteurs et vendeurs au coin des rues, puis enfin la simplicité du pueblo de Pascuales nous ouvre son chemin de terre et les gens qui le bordent nous permettent de laisser sortir un dernier soupir de stress.

Toutefois la pauvreté des gens d’ici, leurs petites maisons de bambou nichées et leurs chemins inondés d’eau et de boue nous laissent pensifs, questionnés et si découragés pour eux. Tant d’injustices se côtoient à si peu de km de distance. C’est bien à Guayaquil qu’on l’aura le plus ressentie et perçue, cette injustice sociale. On comprend presque les gens de baisser les bras et d’attendre…

Le temps passe si vite… fin avril

Les quinze familles du projet pilote ont déjà leur jardin en bambou installé. C’est vraiment un procédé génial. En moins de quinze minutes, à quatre on montait la boîte de bambou déjà taillé à l’avance, qu’importe le lieu ; dans un poulailler (les poules étant gardées à l’extérieur), entre un palmier et un bananier, à travers les petites culottes et soutien-gorge de madame, et toute la brassée encore dégoulinante étalée sur de la broche), sur des briques et même dans de la merde à chien (Yves vous en parlera!). On a ainsi visité plusieurs quartiers de Pascuales. La pauvreté et le sourire des gens s’y mêlaient. Les rues boueuses, les vidanges étalées, les chiens partout et toutes ces joyeuses cordes à linge meublaient le décor de nos matinées.

De retour, les pinceaux devenaient alors mes outils de travail afin de réaliser les murales du patio modèle. Puis, assise avec les femmes, on remplissait de petits sacs pour les semis et on placotait. Plus on s’approche d’eux et plus on touche de près à leurs blessures et leurs cicatrices. Ainsi encore plus d’injustice, d’inégalité, de désespoir, de trahison et d’autres blessures m’étaient contés.

A l’école, Marie et Florence sont heureuses. Elles ont leurs copines qui les attendent pour sauter à la corde et leurs cahiers déjà bien remplis, n’ayant pas de livre tout doit être écrit.

Les petits aussi rentrent et s’amusent avec leurs copains et les maigres jouets effilochés. Ils chantonnent beaucoup. C’est joyeux de les voir à la queue leu leu, deux petits blonds dans un petit train tout noir grouillant de vie.

Et comme tout allait si bien, le temps du départ nous surprend tous. Les aurevoirs se font joyeux et tristes à la fois. Ma Marie entourée de cinq copines suspendues à elle pleuraient toutes comme des Madeleine. Florence si heureuse de son nouveau chandail de l’Équateur offert gentiment par la directrice se contente d’accolades amicales. Ils leurs ont fait une fête d’adieu. Tous dansaient avec la grosse chique de gomme à la bouche ou le suçon coloré. Garçons et filles sont vraiment doués à la danse. Ainsi les rires et les taquineries complices avaient devancé les larmes d’adieu.

A la petite garderie, les enfants ont fait une petite représentation de comptines et de chansonnettes. Des cartes, des câlins, des photos et tout plein de bisous humides.

Puis ce fut le grand repas d’adieu avec les religieuses et les employés. Sœur Jeannine nous avait concocté avec Cointa un formidable buffet aux accents québécois. Les enfants ont chanté "Andar con migo" de Julieta Venega, une mexicaine, même la Mathilde chantait! Puis se fut à notre tour de rendre notre petit discours espagnol après celui si chaleureux de Sœur jeannine. Puis ce fut un au revoir moins tristounet cette fois car on savait qu’on se reverrait après notre expédition des Galápagos.

Demeurait un étrange sentiment d’abandon. On laissait des gens, des amis dans des situations difficiles, dans toute cette vulnérabilité qui les habitait, dans toute cette injustice et ce désordre social … Un peu comme lors du départ brusqué du Rwanda, moins tragique bien sûr, mais avec la même impression de lâcheté et d’impuissance.

Les conditions difficiles de leur système d’éducation m’ont vraiment préoccupée durant ce séjour en Équateur. Tout en comprenant qu’il devrait être le cheval de bataille des prochains gouvernements, j’ai demandé à Sœur Jeannine s’il y avait un moyen d’aider dans ce sens. Elles organisent déjà un projet de parrainage scolaire, de la petite école à l’université. Elles ont une banque de nom de jeunes défavorisés qui sans bourse d’études ne peuvent aller à l’école. Il y a de ces projets humanitaires en qui l’on peut faire confiance, tout va directement à l’école, donc à l’enfant qui un jour deviendra grand et aura en main les atouts pour faire changer les choses. Je lui ai dit qu’on en parlerait à nos amis.