Durant la nuit dernière, environ vers 4h, nous avons reçu l’appel de Sœur Jeannine. On pouvait s’y en attendre un peu, mais jamais aussi rapidement. Bien sûr, le pouvoir du Président de l’Équateur était en péril depuis quelques semaines; les marches de protestation se succédaient. Après Guayaquil et Quito, c’était au tour des habitants de Cuenca de prendre la rue avant-hier. Il semble par contre que ce soit les foules du Manabi, notamment les pêcheurs de la côte qui aient réussi à provoquer la fuite du président, tard hier en soirée.
« Yves, il faut partir vers la plus proche frontière. Je viens de recevoir l’appel du consul canadien, le pays traverse une crise et il y a de potentielles violences, surtout à Guayaquil. Ce dernier nous conseille fortement de joindre le convoi de canadiens qui prend la route vers Tumbes, au Pérou. Rien de grave semble t-il! Mais, vaut mieux être prudents » Sœur Jeannine venait donc de me réveiller brusquement. « Merde, il faut vraiment quitter vers le Pérou » dis-je à Geneviève, inquiète à côté de moi. » Dépêchons-nous!
Deux heures plus tard, alors que le soleil venait à peine de se lever, sont arrivées les sœurs dans leur petite voiture rouge. Robert, leur chauffeur,était au volant. Avec elles se trouvaient trois autres voitures, toutes pleines d’autres expatriés. Notre voiture était déjà chargée de l’essentiel. L’habitude de faire les valises aussi souvent nous aura bien servi ce matin. Quand même, un peu d’angoisse nous habitait au moment de quitter l'appartement. Après deux arrêts, pour que se joignent au convoi d’autres voitures nous sommes sortis de Guayaquil vers le Sud : Direction Pérou. Le consul faisait parti du groupe. Il avait avec lui un fax envoyé de Quito par l’ambassadeur canadien; un genre de sauf-conduit qui allait nous faciliter la vie aux douanes.
Les enfants étaient tiraillés entre l’excitation de vivre un film d’aventure et une certaine peur de ce qu’ils comprenaient de la situation. Notre explication optimiste de ce qu’est un coup d’état ne les avait visiblement pas tout à fait rassuré. Nous avions 5 heures de route à faire avant de quitter le pays. Les dernières nouvelles faisaient état d’un calme relatif. Certains barrages allaient devoir être traversés, mais avec le drapeau canadien bien en vue, sur la première voiture du convoi, peu de problèmes étaient à prévoir, nous disait-on. Heureusement, tout c’est bien passé, tellement bien qu’on questionnait la pertinence de fuir comme ça, presque en peureux! Nous avons croisé, durant le voyage, au moins une dizaine de petites manifestations, toutes scandant la joie causée par le départ de Lengado Gutierrez, le président déchu (Il s’agit du troisième en moins de cinq ans qui se fait ainsi sortir). "Quelle chance nous avons eue de passer aussi facilement", disait le consul du côté péruvien de la frontière; aucun des groupes rencontrés n’aura hésité à baisser les filets dont ils se servaient pour bloquer les routes.
Incroyable! Nous voilà donc de retour au pays des Incas, à Mancora juste au bord de la mer; sains et saufs dans la maison que nous connaissons si bien, pour l’avoir louée au mois de février. Marlène et Alberto nous ont accueillis avec autant de surprises que de gentillesse. Les sœurs, elles, et le reste du convoi canadien se sont arrêtés à Mero près de Tumbes, une heure de route avant nous, à la plus importante ville du nord du Pérou. Elles s’y sentaient plus en confiance.
Encore un peu sous le choc, je suis au village de Mancora; pour acheter ce qu’il faut pour souper et pour mieux comprendre la situation (nous n’avons pas de téléphone, ni de télé à la maison). Il me fallait des nouvelles! Malheureusement, rien sur le coup d’état n’est paru dans les journaux péruviens. Sur le Web, je viens également de faire le tour des sites de nouvelles (les journaux équatoriens ne sont pas parus, même pas El Corvina, le plus grand journal), très peu d’informations sur le sujet. Toute l’attention semble braquée sur la situation précaire du Pape. Avec le peu de temps que j’ai eu, j’ai quand même réussi à trouver ces brides d’informations : Le changement de garde en Équateur semble s’être passé en douceur (pas étonnant, ils sont très pacifiques). Je ne suis pas certain, mais il semble qu’une femme, dénommée Sra Concha Camaron, soit désormais à la tête du pays. Autre rumeur qui devrait attirer l’attention des médias mondiaux : le récent gouvernement aurait suspendu toutes ventes ou livraison de pétrole (l’équateur est un important exportateur). Il semble que la nouvelle première ministre veuille revoir fortement à la hausse les royautés sur l’or noir de son pays. On parle d’un virage à gauche dans la foulée de ceux réalisés au Brésil et au Venezuela.
On saura demain matin en appelant le consul à Tumbes, ce qui adviendra de notre sort. Mais tout semble positif pour un retour rapide. Voilà, je tenais à vous donner des nouvelles avant que vous ne les appreniez dans les médias. Pas d’inquiétude à avoir, la preuve : Marie et moi partons au quai de Mancora acheter du poisson frais pour la délicieuse céviche qu’Alberto est en train de nous préparer. Quand j’ai laissé Geneviève, elle était dans la mer avec Florence et Victor. Mathilde dormait paisiblement dans les bras de Marlène. En passant, mon cellulaire fonctionne dans la région nord du Pérou.
On vous donne rapidement des nouvelles.
Quelle journée!!!
lafamilleenequateur
Bonjour la famille en équateur
RépondreEffacerNous avons lu bon nombre de vos péripéties mais cette fois-ci, j'ai décidé de vous écrire.
C'est bizarre tout ça car ce matin, Liette en se réveillant m'a dit qu'elle avait rêvé à vous cette nuit comme si vous aviez eu des ennuis. Alors, je me dit que je vais aller faire un petit tour sur votre site et voilà que vous avez effectivement quelques ennuis. Ça semble s'être bien déroulé malgré tout et nous en sommes réconfortés. Je devrai porté plus attention aux rêves de ma blonde, on dirait une sorte de prémonition après le fait ou quelque chose du genre.
Bonne route et bon courage!
Hubert, Liette et Emma
Bonjour à vous
RépondreEffacerSeriez-vous en train de nous monter un beau poisson d'avril?? Si c'est le cas, je me suis bien fait avoir.
Salut
Hubert
Bonjour la famille !
RépondreEffacerEh bien,je me suis bien faite avoir moi aussi - heureusement qu'Hubert a dévoilé le poisson, car je serai encore sur internet pour connaitre le nom du nouveau Président.
Et si c'était un M.Poiré???
À +
Marie-andrée