C’est en Argentine qu’on sera initié au sympathique maté. « El tema » est l’expression la plus courante ici. A chaque tournant de phrase on l’entend. On pourrait le comparer avec « le fait est que ». D’ailleurs la langue parlée est quelque peu différente. L’accent des argentins ajoute des ch partout et est plus chanté. C’est peut être dû à la pipette de leur fétiche thème du maté.
Bon j’y viens. De quoi s’agit-il? C’est une petite calebasse vide et séchée, ornée ou non, décorée de cuir ou d’alpaca (un métal ressemblant à de l’argent) pour les plus sophistiquées. Dans celle-ci de l’herbe appelée yerba maté, cultivée ici, un peu de sucre, de l’eau bouillante et une pipette en alpaca aussi, dont le bout ressemble à une petite passoire. Et voilà on aspire ce thé vert qui jaunit un peu les dents, mais on est heureux!
Déjà à Buenos Aires, nous sommes intrigués par cette mode. Tous se promènent maté en main et thermos sous le bras. On les surnomme d’ailleurs les sippeux de maté. Dans les guides touristiques, on raconte que si on a la chance de se faire offrir du maté en partageant la pipette c’est un signe d’amitié et de confiance. Une opportunité à ne pas manquer!
Ce sera donc à Embalse, petite ville rencontrée un peu tard sur notre route. On avait loué une voiture à Cordoba pour se rendre dans la région des vins fameux d’Argentine, à Mendoza. Toujours est-il, il est tard, nous trouvons un hôtel dans ce patelin et sortons pour y souper. Trois choix, trois restaurants dans la ville. On aura ouvert la porte du plus sympathique, par hasard. Des gens aimables nous accueillent. Le resto est vide, c’est dimanche soir et en saison morte. Par chance car avec notre gang, cela déplace beaucoup d’air. Les enfants dansent, crient, rient, pleurent, se chicanent tout enfin pour rendre des parents confus, mais pas ici! On danse plutôt avec eux.
On se lève pour la facture. Puis au comptoir, on se met à placoter, de leurs histoires et des nôtres, comme des amis. Et voilà qu’arrive le moment si attendu, l’invitation au maté! La chaleureuse Karina nous initie au rituel du maté, ponctué de ces fameux « el tema es que ».
Les enfants adorent, mais ici c’est réservé aux adultes. On se passe la calebasse et on continue à jaser. Soirée magique!
Dès le lendemain, au supermarché, les calebasses, les pipettes et la yerba sont achetées. On aura plaisir à se fondre à ce rituel datant des ancêtres indiens du Paraguay, d’Uruguay
et d’Argentine. Dans le nord du pays, dans la province de Misiones, cette coutume est encore plus pratiquée, car c’est là qu’est principalement cultivée la yerba maté. On la vend aromatisée, thérapeutique, organique avec ou sans paton, enfin pour tous les goûts. El tema es que tout le monde aime sipper son maté!
Qui a l’habitude de voyager sait qu’il arrive toujours un moment où il faut partir. (Paolo Coelho)
15.6.05
5.6.05
Buenos Aires
Mathilde sur la place du Congrès 

De Puerto Iguazu
Par hasard, c’est à trois portes du grand café Tortoni que nous a laissés le chauffeur de taxi. En fait, c’est nous qui l’avons laissé poliment quelque part au centre ville ne pouvant plus l’endurer C’était un de ses chauffeurs qui vous emmène partout, sauf là où vous souhaitez aller. Il connaissait, disait-il, des hôtels pour nous (devinez un grosse gang)…Toujours est-il que la chance nous ouvrait les portes du Gran Hotel Hispano, sur la digne Avenida de Mayo. On allait y passer presque deux semaines et profiter de sa situation idéale dans le Grand Buenos Aires. C’est un dimanche après-midi d’automne, tout gris. Il doit faire entre 10 et 15 degrés. La nuit a été longue, on dormira jusqu’à sept heures pm.
Bien réveillés on part souper, goûter à notre première « parilla » argentine. La viande ici, principalement celle du boeuf est à l’honneur. Pas trop loin, après avoir traversé la célèbre avenue « 9e de Julio », la plus large au monde (20 voies), on trouve celle suggérée par l’hôtel. Dans la vitrine, le feu vif qui grille les bêtes en spectacle. La chaleur et les décors de Gauchos (cowboys argentins) nous convainquent. On y a eu droit à nos premières surprises culinaires. Un petit vin de Xérès en apéro, les légumes qui nous ont tant manqué depuis 8 mois, des viandes si tendres et goûteuses, de grands vins… Ouf! C’était beaucoup pour un premier soir. Ajoutez à cela une facture surprenante par son prix si bas (moins de 30usd pour les six). Nous rentrons joyeux vers 10h30 heures ne sachant pas encore que cela allait devenir notre routine quotidienne dans ce pays. Avant 21 heures, ici les restaurants sont vides! Tous les soirs, on aura bien mangé à Buenos Aires. Souvent dans des parillas, mais aussi deux soirs magiques au café Tortoni (1856). Sur le modèle et avec la classe d’un grand café parisien, ce café qui aurait un peu le rythme de l’Express à Montréal, plein de fumée (les argentins fument comme des cheminées) et de bruits nous a tellement charmés. Sur les murs pleins de toiles de peintres inconnus, de photos de célébrités qui sont passées, comme nous, au Tortoni pour y manger un bon repas et voir le meilleur du Tango.
Le lendemain puis les jours qui ont suivis, ont eu des petits matins semblables; petit-déjeuner vers 9h30 aux croissants (medialunas) et au bon café, un peu d’école et puis le début de longues marches dans cette ville si belle. Parmi nos premiers plaisirs, celui de se retrouver incognitos dans les foules. Ici, on ne fait pas différents. Nous passons presque inaperçus. Enfin autant que puisse le faire une famille avec quatre enfants dans un pays occidental! L’architecture nous rappelle l’Europe avec surtout des influences espagnoles, italiennes et françaises. Déjà midi! Même si Victor n’est pas d’accord, avec ses « J’ai faim » qui sont devenus les deux mots les plus entendus du voyage, on ne dîne pas ici avant 14h de toutes façons. De petites rues étroites, pleines de personnes pressées. On appelle les habitants de Buenos Aires les Porteños. Tiens, on croise une manifestation qui tambours battants revendique la justice qui, parait-il, manque dans ce pays autrefois plein de promesses. Puis, on se trouve dans une grande place pour quelques minutes le temps que Mathilde essaie de filer des coups de pied aux pigeons. Devant la Casa Rosada (Palais présidentiel), on explique aux filles qu’ici, de ce balcon, Evita Perron a soulevé tant de patriotisme. Le temps est arrêté, le ciel est d’un bleu si pur et propre à l’automne ici. Le soleil du début de l’après-midi nous suggère d’enlever nos polars. Quelques coins plus loin, on perçoit les premiers sons d’un nouveau tango, quel bonheur que Buenos Aires danse toujours! On s’arrête pour voir un couple jeune de cœur, les yeux dans les yeux, gagner leur vie jambe en l’air à faire la joie des Porteños (pas seulement des touristes, il y en a très peu en mai).
Nos lunchs auront été tous aussi bons, sympathiques et économiques. Peu importe le café qu’on choisissait, les sandwichs, les tartes aux légumes, les salades auront plu au goût de six bouches biens différentes. On se sera souvent accrochés les pieds fatigués dans un café appelé la Brioche dorée situé derrière une magnifique librairie, profitant du temps à bouquiner, à écouter des disques, activités qu’on ne fait pas très souvent chez-nous.
Bien nourris et reposés, on dépose la tasse de l’expresso noir et on sort du café du jour. Les quartiers sont différents à chaque fois, selon que les taxis ou les métros (1910, vieux wagons en bois sur rails) nous aient laissés à la Recoleta, à Puerto Madero, à Boca, à Tigre ou à San Telmo. Nos après-midi auront tous été composés de longues marches remplies d’arrêts. Parmi les plus beaux, celui à Boca; quartier du vieux port fondé par des immigrants surtout italiens avec des murs et des toits de tôles où le tango se dansent encore dans les places publiques (Musée de Quinquela). Celui de le Recoleta aussi, où l’on s’est promené dans des grands parcs qui n’ont rien à envier au parc du Luxembourg ou à Central Park. Que dire aussi d’un après-midi du dimanche à l’opéra au grand Théâtre Colon (le plus beau et le plus vieux d’Amérique) pour entendre et voir Don Quijote de Massenet. Quelle chance nous avons eu de voir ce spectacle à portée d’enfants d’un balcon tout de velours! Ils ont adoré. Le snob international qui fréquente l’opéra aura bien un peu froncé les sourcils envers Mathilde et Victor, mais bon, ils ont été sages, selon nous et la majorité de nos voisins spectateurs. Quelques après-midi ont pris fin plus tôt que d’autres, leçons de tango obligeant. Eh oui, Geneviève et les filles ont fait leur premiers pas à l’académie nationale du tango (située au dessus du Tortoni). Marie et Florence n’avaient pas la grâce et le style de leur mère (c’est un peu difficile quand on regarde le ventre de son partenaire, et non ses yeux), mais elles auront appris avec joie les premiers mots de cette langue aux accents de charme qui se nomme le tango.
Voilà donc brièvement pourquoi Buenos Aires prendra sa place dans le haut des tops 10 de notre voyage. Ah oui! En terminant, on vous partage un secret; seulement à condition que vous ne le disiez jamais, ni aux enfants et ni à la DPJ (Direction de la protection de la jeunesse du Québec)! Je vous disais que notre hôtel était à trois portes du Tortoni. Et bien voilà, un soir juste avant minuit, Geneviève et moi sommes descendus clandestinement pour y voir un spectacle de tango savoureux; un des rares moments romantiques volé à la famille! Pendant deux heures, nos enfants chéris dormaient, on les a presque oubliés le temps de se sentir jeunes et libres; aussi complices qu’un couple de danseurs de tango inspirés par la musique du piano, de la contrebasse et de l’accordéon dans la fumée et les vapeurs du bon vin argentin.
Épisode terminé, c’est en bus q’on a quitté cette ville, nos batteries citadines bien chargées. Le bus quittant à 22h30 en direction de Cordoba. Un trajet d’une dizaine d’heures nous attendait. Les distances entre les villes sont immenses ici et les routes presque toujours monotones (près de 90% des argentins vivent dans des villes), freinant parfois notre enthousiasme face à tout voir! Il aura été difficile de faire des croix sur la Patagonie et la Terre de feu, à cause du froid, de la distance et des coûts. On allait donc se réveiller vers 7 heures le lendemain au centre du pays dans la plus vielle ville d’Argentine fondée au milieu du seizième siècle.


De Puerto Iguazu
Par hasard, c’est à trois portes du grand café Tortoni que nous a laissés le chauffeur de taxi. En fait, c’est nous qui l’avons laissé poliment quelque part au centre ville ne pouvant plus l’endurer C’était un de ses chauffeurs qui vous emmène partout, sauf là où vous souhaitez aller. Il connaissait, disait-il, des hôtels pour nous (devinez un grosse gang)…Toujours est-il que la chance nous ouvrait les portes du Gran Hotel Hispano, sur la digne Avenida de Mayo. On allait y passer presque deux semaines et profiter de sa situation idéale dans le Grand Buenos Aires. C’est un dimanche après-midi d’automne, tout gris. Il doit faire entre 10 et 15 degrés. La nuit a été longue, on dormira jusqu’à sept heures pm.
Bien réveillés on part souper, goûter à notre première « parilla » argentine. La viande ici, principalement celle du boeuf est à l’honneur. Pas trop loin, après avoir traversé la célèbre avenue « 9e de Julio », la plus large au monde (20 voies), on trouve celle suggérée par l’hôtel. Dans la vitrine, le feu vif qui grille les bêtes en spectacle. La chaleur et les décors de Gauchos (cowboys argentins) nous convainquent. On y a eu droit à nos premières surprises culinaires. Un petit vin de Xérès en apéro, les légumes qui nous ont tant manqué depuis 8 mois, des viandes si tendres et goûteuses, de grands vins… Ouf! C’était beaucoup pour un premier soir. Ajoutez à cela une facture surprenante par son prix si bas (moins de 30usd pour les six). Nous rentrons joyeux vers 10h30 heures ne sachant pas encore que cela allait devenir notre routine quotidienne dans ce pays. Avant 21 heures, ici les restaurants sont vides! Tous les soirs, on aura bien mangé à Buenos Aires. Souvent dans des parillas, mais aussi deux soirs magiques au café Tortoni (1856). Sur le modèle et avec la classe d’un grand café parisien, ce café qui aurait un peu le rythme de l’Express à Montréal, plein de fumée (les argentins fument comme des cheminées) et de bruits nous a tellement charmés. Sur les murs pleins de toiles de peintres inconnus, de photos de célébrités qui sont passées, comme nous, au Tortoni pour y manger un bon repas et voir le meilleur du Tango.
Le lendemain puis les jours qui ont suivis, ont eu des petits matins semblables; petit-déjeuner vers 9h30 aux croissants (medialunas) et au bon café, un peu d’école et puis le début de longues marches dans cette ville si belle. Parmi nos premiers plaisirs, celui de se retrouver incognitos dans les foules. Ici, on ne fait pas différents. Nous passons presque inaperçus. Enfin autant que puisse le faire une famille avec quatre enfants dans un pays occidental! L’architecture nous rappelle l’Europe avec surtout des influences espagnoles, italiennes et françaises. Déjà midi! Même si Victor n’est pas d’accord, avec ses « J’ai faim » qui sont devenus les deux mots les plus entendus du voyage, on ne dîne pas ici avant 14h de toutes façons. De petites rues étroites, pleines de personnes pressées. On appelle les habitants de Buenos Aires les Porteños. Tiens, on croise une manifestation qui tambours battants revendique la justice qui, parait-il, manque dans ce pays autrefois plein de promesses. Puis, on se trouve dans une grande place pour quelques minutes le temps que Mathilde essaie de filer des coups de pied aux pigeons. Devant la Casa Rosada (Palais présidentiel), on explique aux filles qu’ici, de ce balcon, Evita Perron a soulevé tant de patriotisme. Le temps est arrêté, le ciel est d’un bleu si pur et propre à l’automne ici. Le soleil du début de l’après-midi nous suggère d’enlever nos polars. Quelques coins plus loin, on perçoit les premiers sons d’un nouveau tango, quel bonheur que Buenos Aires danse toujours! On s’arrête pour voir un couple jeune de cœur, les yeux dans les yeux, gagner leur vie jambe en l’air à faire la joie des Porteños (pas seulement des touristes, il y en a très peu en mai).
Nos lunchs auront été tous aussi bons, sympathiques et économiques. Peu importe le café qu’on choisissait, les sandwichs, les tartes aux légumes, les salades auront plu au goût de six bouches biens différentes. On se sera souvent accrochés les pieds fatigués dans un café appelé la Brioche dorée situé derrière une magnifique librairie, profitant du temps à bouquiner, à écouter des disques, activités qu’on ne fait pas très souvent chez-nous.
Bien nourris et reposés, on dépose la tasse de l’expresso noir et on sort du café du jour. Les quartiers sont différents à chaque fois, selon que les taxis ou les métros (1910, vieux wagons en bois sur rails) nous aient laissés à la Recoleta, à Puerto Madero, à Boca, à Tigre ou à San Telmo. Nos après-midi auront tous été composés de longues marches remplies d’arrêts. Parmi les plus beaux, celui à Boca; quartier du vieux port fondé par des immigrants surtout italiens avec des murs et des toits de tôles où le tango se dansent encore dans les places publiques (Musée de Quinquela). Celui de le Recoleta aussi, où l’on s’est promené dans des grands parcs qui n’ont rien à envier au parc du Luxembourg ou à Central Park. Que dire aussi d’un après-midi du dimanche à l’opéra au grand Théâtre Colon (le plus beau et le plus vieux d’Amérique) pour entendre et voir Don Quijote de Massenet. Quelle chance nous avons eu de voir ce spectacle à portée d’enfants d’un balcon tout de velours! Ils ont adoré. Le snob international qui fréquente l’opéra aura bien un peu froncé les sourcils envers Mathilde et Victor, mais bon, ils ont été sages, selon nous et la majorité de nos voisins spectateurs. Quelques après-midi ont pris fin plus tôt que d’autres, leçons de tango obligeant. Eh oui, Geneviève et les filles ont fait leur premiers pas à l’académie nationale du tango (située au dessus du Tortoni). Marie et Florence n’avaient pas la grâce et le style de leur mère (c’est un peu difficile quand on regarde le ventre de son partenaire, et non ses yeux), mais elles auront appris avec joie les premiers mots de cette langue aux accents de charme qui se nomme le tango.
Voilà donc brièvement pourquoi Buenos Aires prendra sa place dans le haut des tops 10 de notre voyage. Ah oui! En terminant, on vous partage un secret; seulement à condition que vous ne le disiez jamais, ni aux enfants et ni à la DPJ (Direction de la protection de la jeunesse du Québec)! Je vous disais que notre hôtel était à trois portes du Tortoni. Et bien voilà, un soir juste avant minuit, Geneviève et moi sommes descendus clandestinement pour y voir un spectacle de tango savoureux; un des rares moments romantiques volé à la famille! Pendant deux heures, nos enfants chéris dormaient, on les a presque oubliés le temps de se sentir jeunes et libres; aussi complices qu’un couple de danseurs de tango inspirés par la musique du piano, de la contrebasse et de l’accordéon dans la fumée et les vapeurs du bon vin argentin.
Épisode terminé, c’est en bus q’on a quitté cette ville, nos batteries citadines bien chargées. Le bus quittant à 22h30 en direction de Cordoba. Un trajet d’une dizaine d’heures nous attendait. Les distances entre les villes sont immenses ici et les routes presque toujours monotones (près de 90% des argentins vivent dans des villes), freinant parfois notre enthousiasme face à tout voir! Il aura été difficile de faire des croix sur la Patagonie et la Terre de feu, à cause du froid, de la distance et des coûts. On allait donc se réveiller vers 7 heures le lendemain au centre du pays dans la plus vielle ville d’Argentine fondée au milieu du seizième siècle.
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